Les « gilets jaunes » prêts à faire payer le prix fort à Macron
Le mouvement de contestation contre la hausse des prix des carburants risque d’entamer davantage la popularité du président
Depuis quelques semaines, la colère monte chez certains automobilistes, qui dénoncent la hausse du prix des carburants. Face à ce rejet de la fiscalité écologique, le président de la République demeure stoïque et affirme, dans un entretien aux journaux du groupe Ebra paru lundi, préférer «la taxation du carburant à la taxation du travail ». Mais la gronde s’intensifie et s’organise. Un appel à bloquer les routes le 17 novembre a, par exemple, été lancé sur Internet. Le mouvement des «gilets jaunes», qui est en train de se constituer, fera-t-il reculer Emmanuel Macron comme celui des « bonnets rouges » contre l’écotaxe a fait reculer François Hollande en 2013 ?
« Ce type de mouvement, lancé sur Internet, est généralement plus suivi que les mots d’ordre politiques ou syndicaux, reconnaît un proche du chef de l’Etat. La journée du 17 sera un succès : elle va cristalliser beaucoup de mécontentements, qui n’auront d’ailleurs pas forcément à voir avec la question du prix des carburants. Mais ça ne veut pas dire qu’il y aura une coagulation derrière.»
« Ça va laisser des traces »
La grogne offre en tout cas un angle d’attaque pour les partis d’opposition. « Avec cette hausse des taxes, les revenus du travail sont désormais inférieurs aux revenus de l’assistance, ce qui crée une colère immense chez les 13 millions de Français qui sont obligés de prendre leur voiture pour aller travailler », dénonce le député LR Guillaume Peltier. Et de poursuivre : « Le gouvernement montre une fois encore sa méconnaissance des territoires et son mépris pour le pouvoir d’achat des Français.» L’élu du Loir-et-Cher a proposé avec son collègue Damien Abad un « chèque carburant » de 100 € pour aider les plus modestes, qui serait financé par «une taxe exceptionnelle sur les sociétés d’autoroutes ».
La majorité, elle, fait bloc pour éteindre l’incendie et relativise le rôle du gouvernement. « Je comprends qu’on ne soit pas heureux de voir la fiscalité augmenter, mais, en tant qu’élus, nous devons expliquer que 80 % des hausses sont liées à l’accroissement du prix du pétrole, insiste Stanislas Guérini, député de Paris et porte-parole du groupe LREM. Pour le diesel, sur 30 centimes de hausse par litre, les taxes ne représentent que 7,6 centimes.» Cette politique devrait s’intensifier en 2019, et jusqu’en 2022, pour rendre l’essence moins onéreuse que le diesel, jugé plus polluant. « La mobilisation va laisser des traces, mais nous l’assumons, car, avec le temps, les gens comprendront qu’on prend des mesures pour changer de système», tempère un proche d’Emmanuel Macron. En attendant, le gouvernement met en avant l’augmentation du chèque énergie l’an prochain ou le renforcement de la prime à la conversion.