20 Minutes (Marseille)

Immeubles

Un architecte déplore un « manque de surveillan­ce »

- Propos recueillis par Adrien Max

Fabien Cadenel est architecte à Marseille. Il conseille plusieurs syndics sur la rénovation d’immeubles.

Quelles sont les particular­ités de ces immeubles marseillai­s ?

Il s’agit d’immeubles de type « trois fenêtres ». Ils datent de la fin du XVIIIe siècle, à une époque de grande croissance. Il fallait construire vite. Ils s’articulent autour de deux murs porteurs, reliés par des poutres de sept mètres utilisées dans la marine, sans mur intermédia­ire. Les murs sont faits de moellons, de gros cailloux, agrémentés par un mortier de chaux, qui peut se désagréger dans le temps.

Est-ce que ces immeubles présentent des risques dans le temps ?

Non, ils vieillisse­nt bien, à condition d’être bien entretenus. Si l’enduit ou la toiture se dégradent, l’immeuble est exposé aux aléas météorolog­iques et l’eau va s’y infiltrer. Les murs vont se désolidifi­er et le bois peut s’affaisser. L’élargissem­ent de certaines pièces, ou de fenêtres, va aussi fragiliser l’ensemble. C’est le cas des commerces du rez-dechaussée qui élargissen­t leur vitrine, ce qui va affaiblir les murs.

Est-ce que ces immeubles sont généraleme­nt bien entretenus ?

A chaque assemblée générale de copropriét­aires, je dois leur rappeler que l’entretien coûte de l’argent. Il y a une fâcheuse tendance à ce que les copropriét­aires considèren­t ne pas avoir besoin d’entretenir. Il y a un vrai manque de surveillan­ce. Ils sont souvent la 3e ou 4e génération de propriétai­res et doivent engager des travaux très lourds, donc très onéreux. Ils sont importants par rapport au revenu locatif, certains n’ont pas les moyens de réaliser ces travaux. A titre d’exemple, j’ai un devis de 145 000 € pour cinq copropriét­aires, vous imaginez ? Beaucoup parlent de marchands de sommeil, mais j’en rencontre très peu.

Comment remédier à ce problème ? Les travaux doivent être menés sous l’égide d’un homme de l’art, or ce n’est souvent pas le cas. Des petits travaux peuvent avoir de grandes conséquenc­es. Il y a souvent une absence de programme de rénovation. Ça ne peut donc que se dégrader et le coût ne cesse d’augmenter. Nous devons être épaulés par une volonté plus large. Cette catastroph­e malheureus­e fait resurgir cette nécessité, d’autant plus importante à Marseille qu’ailleurs.

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Fabien Cadenel regrette « un vrai manque de surveillan­ce ».

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