20 Minutes (Marseille)

Les manifestan­ts demandent justice

Près de 10000 personnes ont défilé de la rue d’Aubagne à la mairie pour crier leur colère, après la mort de huit victimes

- Adrien Max

Après le recueillem­ent, la colère. La « manifestat­ion de la colère » partie mercredi du bas de la rue d’Aubagne à Marseille, a réuni près de 10 000 personnes. C’est dans cette rue que deux immeubles se sont effondrés la semaine dernière, entraînant la mort de huit personnes. « C’est important, pour soutenir les familles des victimes tout en dénonçant les négligence­s des politiques. Il y a un ras-le-bol contre la mairie, c’est clair », témoignent Frédérique, 61 ans, et Marion, 40 ans.

Au cri des « Gaudin démission, Gaudin assassin », le cortège s’est élancé sur la Canebière, en direction de la mairie. Jeunes, vieux, noirs, blancs, des quartiers populaires ou des quartiers plus huppés, tout Marseille a marché derrière le portrait des huit victimes. Pour Jacqueline, 79 ans, et Pierre, 84 ans « ce sont les pauvres qui ont payé », regrettent-ils. « Nous marchons pour la justice et la dignité, pour que ça ne se reproduise pas. On ne veut pas que ça devienne une fatalité », espèrent Pierre et Jacqueline.

Le mot d’ordre largement scandé était d’ailleurs « Justice et dignité ». Ici, pour beaucoup, la mairie a laissé mourir ces personnes d’un quartier populaire. « La mairie doit prendre ses responsabi­lités, ce qu’elle ne fait absolument pas, parce qu’elle est responsabl­e », considère Céline, 26 ans.

Lacrymogèn­es et matraques

Les pancartes brandies « Gaudin tu te tires ou on se pointe », « Sang sur les mains, menottes au poignet », ou « Politique corrompue on en a plein le cul », étaient sans équivoques. Sans parler des slogans criés par la foule : « Nous sommes les Marseillai­s, et nous allons te virer… », « Quand on sème la misère, on récolte la colère. »

Une colère qui s’est faite d’autant plus vive lorsque le cortège est arrivé devant de la mairie, sous les sifflets de la foule. Les larmes sont devenues plus présentes, de tristesse ou de douleur. Lorsque certains manifestan­ts ont arraché les nombreuses barrières disposées pour protéger le bâtiment municipal, les CRS n’ont pas hésité à charger, ni à en matraquer certains, dont des journalist­es. « Vous protégez des assassins, nous, on ne tuera personne », se sont désolés certains.

Au même moment, les proches des victimes ont formé un arc de cercle en silence devant la mairie. Ils ont peint en rouge « 5.11.18 », la date du drame, entourée des prénoms de chacune des victimes. « Tant que je serai vivant, ces peintures recouvriro­nt les murs de toute la ville », s’est exprimé l’un d’eux. Les CRS ont, quant à eux continué de protéger à coup de gaz lacrymogèn­e la mairie.

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Les portraits des huit victimes ont accompagné le cortège jusqu’à la mairie.

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