20 Minutes (Marseille)

Politique

Depuis le drame de la rue d’Aubagne se pose la question de l’avenir politique de Gaudin

- Mathilde Ceilles

En vingt-trois ans de mandat, JeanClaude Gaudin en a traversé, des tempêtes et des bourrasque­s. Mais, depuis une dizaine de jours, la vague de contestati­on a des airs de tsunami. Peut-elle emporter sur son passage le « capitaine » Gaudin, comme il se définit, à la tête du « navire » phocéen depuis presque un quart de siècle ? Interrogé, le maire exclut toute démission. Mais cette fois, l’onde de choc ne vient pas d’une décision politique ou d’une enquête judiciaire en cours. Elle démarre par plusieurs décès, ceux de huit personnes mortes sous les décombres d’immeubles rue d’Aubagne. Un rapport de 2015 pointait déjà la situation inquiétant­e de la ville de Marseille en matière d’habitat indigne.

Yves Moraine, président de la majorité au conseil

Le maire lui-même a récemment reconnu « ne pas avoir assez fait » en la matière.

Aussi, ces derniers jours, les remarques, parfois vives, se cristallis­ent sur l’avenir politique de l’édile, en position délicate. « A sa place, j’aurais démissionn­é », lance Saïd Ahamada, député LREM de Marseille. Comme d’autres élus locaux, le parlementa­ire soulève cette possibilit­é. « Pourquoi ? Parce que, après 23 ans de mandat, j’aurais 100 000 personnes, soit un Marseillai­s sur huit, qui vivent dans un logement indigne, et huit morts rue d’Aubagne. » La socialiste Samia Ghali, elle, ne croit pas en une démission de son adversaire politique. « Si Gaudin ne va pas au bout de son mandat, c’est l’éclatement total de la droite (lire ci-dessous). C’est ça, la problémati­que. S’il part, bien malin est celui capable de dire ce qu’il se passera au conseil municipal… » Interrogé, le président de la majorité au conseil municipal Yves Moraine lance : « Il n’y a pas d’avenir politique pour Jean-Claude Gaudin après 2020. Il reste un an et demi et on verra à la fin. » Et d’ajouter : « Une enquête est en cours, c’est tellement complexe. Celui qui peut dire aujourd’hui les responsabi­lités juridiques dans ce dossier serait devin. Si certains veulent faire de la polémique politique sur le dos des malheureus­es victimes… C’est de la politique politicien­ne. »

La question dépasse toutefois les arcanes du pouvoir politique et s’invite jusque dans la rue. Un collectif citoyen s’est créé et a organisé plusieurs rassemblem­ents. « Cette fois monte une mobilisati­on, analyse le sociologue Michel Peraldi dans Libération. Une colère que [Jean-Claude Gaudin] n’a pas vu venir. […] Ceux-là n’ont pas été récupérés, même par Mélenchon, du moins pour l’instant. Ils pourraient bien faire bouger les lignes. »

Mercredi et samedi, ils étaient plus de 8 000 à réclamer sous les fenêtres du maire sa démission, accusant l’édile d’être un « assassin ». Une marée populaire hostile qui donne à la fin de mandat du capitaine Gaudin un arrière-goût amer.

« Il reste un an et demi et on verra à la fin. »

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