On est passé derrière le guichet de Cap emploi, à la rencontre de ses agents
Soutien Notre journaliste s’est rendu dans l’agence Cap Emploi de Paris. Le but, comprendre le fonctionnement de ce partenaire de Pôle Emploi
Lorsque l’on passe la porte d’entrée, rien ne distingue l’accueil du Cap emploi de Paris d’une agence de Pôle emploi. Pas de fauteuils roulants ni d’accompagnateurs en blouses blanches, mais une femme souriante à l’accueil, ainsi que quelques affiches et prospectus. « Il faut déconstruire les clichés, s’exclame Françoise Bidgrain, la responsable de l’antenne parisienne.
En complément des missions de Pôle emploi, les 98 agences Cap emploi de France suivent les personnes reconnues travailleurs handicapés nécessitant un accompagnement spécialisé. A ce titre, « notre mission première est de sensibiliser. Le handicap n’est pas un frein à l’orientation professionnelle!», enchérit François Bidgrain. Et pourtant, entre idées reçues, craintes des employeurs et parcours chaotiques, la réalité est souvent dure pour les travailleurs en situation de handicap en France. Ils étaient 19% à chercher un emploi en 2017, près du double par rapport à l’ensemble de la population active.
Eclairer les employeurs
«Il nous faut bien évidemment tenir compte de la problématique de santé, celle-ci est au coeur de notre activité, poursuit la responsable. La pathologie va-t-elle être un frein ? Dans quelles conditions est-il possible de travailler avec son handicap ? Ces questions sont fréquentes. » Pas question pour autant de voir le handicap comme la problématique principale, mais plutôt comme une donnée parmi d’autres. « On demande à nos candidats de ne pas parler de leur pathologie aux employeurs potentiels, mais des spécificités et aménagements nécessaires, précise Amour Arinloye, chargé de mission. La différence est importante. » Etrangement, aucune formation préalable sur le handicap n’est exigée en interne. «Nous sommes sensibilisés lors de notre intégration au service, mais notre métier, c’est l’emploi », souligne Maryse Ladouceur, chargée de mission conseil en évolution professionnelle. Ces conseillers aident dans les recherches, tout en gardant en tête le fait que «le projet professionnel d’une personne – réorientation ou reconversion – n’est pas forcément lié à sa pathologie.» Néanmoins, le quotidien se concentre souvent sur le seul handicap. « Des entreprises nous appellent pour savoir
«Notre mission première est de sensibiliser. » Françoise Bidgrain, responsable du Cap emploi
quelle est la pathologie d’un candidat, car elles ont peur, soupire Amour Arinloye. Pourtant, je n’ai vu qu’une seule personne en fauteuil en neuf ans.» Les conseillers répondent aux sollicitations des entreprises, leur proposent des candidats comme des cabinets de recrutement, et peuvent aller jusqu’à se déplacer sur site afin d’offrir des solutions concrètes : «Matériel, pauses supplémentaires, mi-temps…» Des dispositions indispensables, car les personnes handicapées «vont souvent minorer leurs problèmes et leurs limites, de peur de ne pas avoir de travail ».
Dans l’agence parisienne, 28 conseillers s’occupent de 3 500 personnes en situation de handicap. Un ratio similaire à Pôle emploi, mais une réalité différente : une période de chômage plus longue pour les personnes handicapées (57 % en recherche depuis plus d’un an contre 45% sur l’ensemble des demandeurs d’emploi en 2017, d’après Pôle emploi). Des moyens équivalents pour un challenge plus difficile à relever.