20 Minutes (Marseille)

La nage libre ne l’est pas vraiment

Avant les Mondiaux de natation en petit bassin, on s’est posé une grande question : comment arbitre-t-on de la natation?

- Jean Saint-Marc

Des failles se cachent parfois dans les profondeur­s. Des failles réglementa­ires : à la fin des années 1980, des petits malins ont découvert qu’un nageur bien entraîné va plus vite sous l’eau qu’à la surface. «Une longueur entière sous l’eau… Pour les télés et les spectateur­s, ça devenait compliqué », se souvient Denis Cadon. Juge arbitre depuis près de trente ans, il écume les grandes compétitio­ns de natation avec un rôle finalement assez simple. C’est lui qui le dit. «La nage libre est quand même relativeme­nt… libre », sourit-il.

Si la brasse, par exemple, est extrêmemen­t réglementé­e, le crawl s’organise autour d’une règle unique : les 15 m. « Les nageurs doivent avoir la tête qui coupe avant d’avoir parcouru 15 m, après le plongeon et après le virage, indique Denis Cadon. On est deux juges de chaque côté, on se positionne au niveau des 15 m : il y a des repères sur les bouchons de ligne et au bord du bassin. »

«Avec les combis, ça allait tellement fort qu’on sortait au-delà des 15 m!» Frédérick Bousquet

Les nageurs, eux, se repèrent comme ils le peuvent : « Les sensations peuvent t’aider, mais l’idéal, c’est de compter les ondulation­s sous l’eau », explique l’ancien sprinteur marseillai­s Frédérick Bousquet, qui « préférait être sous l’eau». Cela lui a valu deux-trois disqualifi­cations dans des compétitio­ns mineures, notamment à l’arrivée des combis en polyurétha­ne (interdites en 2009) : « On avait tellement de glisse, ça allait tellement fort qu’on sortait au-delà des 15 m ! » La limite est parfois ténue, et peut donner lieu à des contestati­ons. Pas de roulés-boulés comme Rudi Garcia, mais quelques accrochage­s, tout de même (en claquettes Fila). « En 2010, aux championna­ts du monde, Camille Lacourt avait été disqualifi­é, se souvient Romain Barnier, le manager du Cercle des nageurs de Marseille. On avait réussi à faire annuler la sanction pour un vice de forme… Mais franchemen­t, c’était plus que limite ! » Car en dos, où la règle est la même, «c’est plus difficile de se repérer sous l’eau », précise Romain Barnier. L’entraîneur ne se fait pas de souci pour son poulain Mehdy Metella, dont les ondulation­s de dauphin sont impression­nantes, mais licites. Mehdy Metella, parti disputer les championna­ts du monde en petit bassin à Hangzhou, en Chine, est « souple et explosif », selon son coach. « Mehdy est très aquatique, il a une très belle ondulation, s’emballe Frédérick Bousquet. Ça lui donne un gros atout en petit bassin, surtout après le virage… C’est souvent là qu’il passe devant ses adversaire­s. » Et sous le nez des arbitres.

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Le Marseillai­s Mehdy Metella est un spécialist­e du papillon et du crawl.

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