20 Minutes (Marseille)

Handball

Deux Bleus dans les pas de leurs pères au Mondial

- Nicolas Camus

Les gros coups de vieux à peine la trentaine passée, il faut savoir les encaisser. Voir évoluer le hand est, par exemple, un truc à vous mettre le moral à zéro. Les souvenirs d’ado des Barjots, champions du monde en 1995, ne sont pas tout à fait jaunis qu’on retrouve déjà leurs enfants en train de préparer un championna­t du monde. Kentin Mahé et Melvyn Richardson font partie des joueurs qui vont commencer la compétitio­n avec les Bleus, ce vendredi, face au Brésil. Si le premier est un visage familier, le grand public va découvrir le second avec curiosité. Difficile d’en être autrement quand votre père a été la première grande star de ce sport. Mais rien ne semble pouvoir perturber Melvyn (21 ans) : « J’ai toujours vu ça comme un avantage d’avoir un paternel qui connaît le milieu. Je ne pouvais pas avoir de meilleurs conseils pour la gestion de ma carrière. » Le fils ne voit pas son nom comme un fardeau. Peut-être parce qu’il a aimé le hand avant de se rendre compte de qui était son père. « J’allais aux matchs tout petit, mais, pour moi, j’allais surtout voir papa travailler », explique-t-il. Sa venue au hand, à 8 ans, n’a rien à voir avec la famille, assure-t-il : « Quand je suis arrivé à Chambéry, mes potes faisaient du hand. J’ai commencé pour être avec eux, et on s’éclatait tellement que je n’ai jamais voulu arrêter.» Le joueur qu’il est devenu a peu à voir avec le style du paternel. Jackson, droitier, virevoltai­t au poste de demicentre, inventait des choses. Melvyn, gaucher, est plus polyvalent, plus puissant, plus aérien. La différence est plus grande encore entre Pascal Mahé, solide défenseur, et son fils Kentin, ailier ou demi-centre.

« Ça m’a apporté de voir mon père s’entraîner dur, de savoir qu’il répétait toujours les mêmes gestes pour réussir, indique Kentin. Des joueurs avaient sûrement plus de talent que nous à 15 ans,

mais ils n’avaient pas ce vécu et des parents qui les hissaient vers l’exigence. »

Du haut de ses 36 ans, Michaël Guigou est un témoin privilégié de la transmissi­on entre les deux Richardson. Il a commencé sa carrière internatio­nale avec le père, il la finira aux côtés du fils. «J’ai vu comment Jackson l’a accompagné, et je sais qu’il n’y a pas eu de mauvaise pression, explique Guigou. Parce que c’est ça, le risque. Quand tu viens du haut niveau, tu peux être trop présent, et, au final, être plus néfaste qu’autre chose.»

Le secret de la réussite tiendrait donc à l’intelligen­ce des parents et à leur capacité à trouver le bon équilibre entre l’accompagne­ment et le laisser-vivre. Un compromis sûrement plus simple à trouver dans le hand – qui réunit l’excellence de la formation et une certaine tranquilli­té médiatique – que dans le foot. « La seule chose à comprendre, c’est qu’ils ne sont pas leur père, résume le capitaine de l’équipe de France, Cédric Sorhaindo. Ce que Kentin et Melvyn réalisent, à leur âge, c’est très bien. Je trouve qu’ils ont une force de caractère un peu plus grande que les autres. » Il faut bien que les gènes servent à quelque chose, quand même.

« La seule chose à comprendre, c’est qu’ils ne sont pas leur père. » Cédric Sorhaindo

 ??  ??
 ??  ?? Kentin Mahé.
Kentin Mahé.

Newspapers in French

Newspapers from France