Les associations composent avec la baisse des dons
En 2018, les associations et les fondations ont observé une importante baisse des dons de la part des Français
C’est la mauvaise surprise de 2018. Alors que les associations font les comptes des dons qu’elles ont reçus, elles découvrent que le cru n’a pas été bon. «On estime que, sur l’ensemble de l’année 2018, la baisse de dons sera de 10 à 15% sur les 97 associations que nous représentons », indique Pierre Siquier, président de France Générosités. «Nous tablons sur une baisse de 5% des dons», annonce, de son côté, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Plusieurs causes expliquent cette chute de la générosité des citoyens, comme la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) : « Le nombre d’assujettis est passé d’environ 300 000 à 150 000, analyse Pierre Siquier. Or, ceux qui payaient l’ISF pouvaient déduire de leur imposition 75% de leurs dons, dans la limite de 50 000 €. Du coup, les associations ont perdu 150 millions d’euros de dons venant de ces contribuables.»
« Un frein psychologique »
Mais ce n’est pas tout : « La hausse de la CSG a joué, explique Patrice Blanc, président des Restos du coeur. Beaucoup de retraités nous ont dit qu’ils ne pourraient plus donner.» Et comme les plus de 60 ans représentent, dans plusieurs associations, la moitié des donateurs, il y a eu de la casse. «Les mouvements sociaux ont aussi joué négativement, explique Jacques Malet, président de Recherches & solidarités. A force d’entendre que les Français souffrent, cela finit par influer sur leur ressenti, et les gens estiment qu’ils n’ont plus les moyens de donner.»
Pour 2019, l’instauration du prélèvement à la source suscite quelques appréhensions chez les associations : « Même si les Français bénéficient toujours de déductions fiscales en donnant à des assos, cela crée un frein psychologique chez certains », prévoit Pierre Siquier. Pour les associations qui ont pris de plein fouet la baisse des dons, il a fallu faire des choix. «Les programmes pluriannuels des associations ont été protégés en priorité, mais certaines d’entre elles ont dû reporter de nouveaux programmes», indique Jacques Malet. « Sur 2019, des nouvelles unités de recherche médicale ne verront pas le jour », conclut Pierre Siquier.