Berlin privilégie la « désescalade »
En France, face aux manifestants les plus violents, la répression fait partie intégrante de la stratégie policière. Qu’en est-il en Allemagne? Non seulement les LBD et grenades explosives sont interdits – seuls les dispositifs permettant de garder la foule à distance sont autorisés (canons à eau, gaz lacrymogènes…) –, mais encore prime la « désescalade » (« Deeskalation »). Inscrite dans le droit allemand depuis 1985, cette technique impose aux forces de police de coopérer et de communiquer avec les manifestants afin de désamorcer les conflits et de garantir le droit à manifester. «La France, c’est une terre de lutte, indique Patrick Bruneteaux, chercheur en sociologie politique au CNRS. En Allemagne, il y a une vraie tradition de la gestion, de la communication, de la médiation.» Et, plutôt que d’intervenir sur le moment, les autorités allemandes préfèrent dissuader : présence massive des forces de l’ordre sur le terrain, fouilles avant les manifestations, encadrement des cortèges par les policiers. Les manifestants les plus violents sont arrêtés au cas par cas par des équipes «anti-conflit » (« Anti Konflikt Teams »), qui se glissent dans les cortèges pour extraire les individus ciblés. Afin d’éviter tout mouvement de protestation, des agents de communication sont aussi placés au-devant des cortèges pour expliquer chaque intervention des forces de l’ordre. «En Allemagne, il y a un relatif respect entre les deux parties, lié à un nationalisme plus fort qu’en France», explique le chercheur.