«L’antisémitisme est avant tout une histoire européenne »
Il y a soixante-quinze ans, le camp de concentration d’Auschwitz était libéré. Quarante dirigeants, dont Emmanuel Macron, se rendent cette semaine en Israël pour rendre hommage aux victimes de la Shoah. L’historien Tal
Bruttmann revient sur les liens entre l’Europe et la discrimination des juifs.
Comment l’expression de l’antisémitisme a-t-elle évolué en Europe depuis la Shoah ?
La Shoah a disqualifié l’antisémitisme, en premier lieu celui venant de l’extrême droite. Après la guerre, l’expression de l’antisémitisme est largement bannie de la sphère publique, même s’il resurgit cependant régulièrement sur le devant de la scène.
Notre pays est-il l’un des plus touchés du continent européen par l’antisémitisme ?
La France se range parmi les pays les plus touchés, en raison du nombre d’actes antisémites mais aussi du nombre d’assassinats qui ont visé des juifs depuis le début des années 2000. On voit néanmoins que, en Allemagne, la violence se manifeste également, tandis qu’aux Etats-Unis l’antisémitisme devient violent et meurtrier.
Y a-t-il quelque chose d’antisémite propre au continent européen qui n’existe pas ailleurs ? L’antisémitisme est avant tout une histoire – et une pensée – européenne, qui s’est diffusée depuis l’Europe, à partir du XIXe siècle. Reste que l’antisémitisme a aussi été instrumentalisé au MoyenOrient, par les régimes au pouvoir, dans le cadre de la lutte contre Israël.