20 Minutes (Marseille)

Pour Christophe Hondelatte, le crime ne fait plus recette

Télé L’ex-présentate­ur de « Faites entrer l’accusé », Christophe Hondelatte, doute de la réelle popularité des récits de crime

- Propos recueillis par Mathilde Loire * A retrouver sur YouTube et RMC Story.

C’est terminé pour «Faites entrer l’accusé» sur France 2*. La chaîne a diffusé lundi le dernier des sept épisodes inédits de l’émission présentée par Frédérique Lantieri depuis 2011. Christophe Hondelatte, le présentate­ur historique du programme, que l’on retrouve sur Europe 1 dans « Hondelatte raconte», revient sur la place des récits d’affaires criminelle­s dans les médias.

Pourquoi les récits d’affaires criminelle­s plaisent-ils au public ?

Il n’est absolument pas certain que les affaires criminelle­s marchent si bien. C’est un sujet qui est assez populaire, mais pas très populaire. Tout un tas de gens considèren­t que ça pue, que c’est malsain. Mes propres parents n’ont jamais regardé « Faites entrer l’accusé ». Pour eux, la matière est infréquent­able.

Pourquoi, alors, ces récits ont-ils la réputation d’être populaires ?

On a assimilé crime à succès populaire, mais ça n’est pas prouvé. Depuis la fin des années 1980 et le déclin de FranceSoir, la presse écrite ne traite quasiment plus des affaires criminelle­s, même Le Parisien. Aujourd’hui, les chaînes qui traitent des affaires criminelle­s, ce sont W9, TFX, C8… Ces chaînes challenger­s utilisent l’affaire criminelle pour aller chercher des réserves d’audience, mais dont on sait qu’elles sont limitées.

Vous avez vous-même avoué que ce n’était pas un sujet qui vous intéressai­t tant que ça au début…

Je n’aimais pas les affaires criminelle­s pour la même raison que mes parents, car c’est une matière qui a toujours été entachée par un soupçon de vulgarité. Ce qui m’intéresse, c’est de raconter le fonctionne­ment de la justice en France, et de voir une vérité sur l’être humain qui n’est pas décrite ailleurs.

Quelle différence voyez-vous entre le récit d’affaires criminelle­s à la radio et à la télévision ?

C’est beaucoup plus compliqué de faire un documentai­re de télévision sur un crime que de faire ce que je fais, raconter en faisant toutes les voix. La difficulté, à la télévision, c’est de convaincre les gens de parler devant la caméra. Pour les premiers « Faites entrer l’accusé », on a eu un mal fou ! Mais il n’y a que cette émission où on a réussi à avoir le chef d’enquête, les magistrats, les experts…

Regardez-vous les production­s américaine­s de ce genre ?

J’en ai regardé quelques-unes. Ce qu’elles font est strictemen­t infaisable en France. On a la plaidoirie, l’interrogat­oire, le témoignage… Les caméras ne seront jamais intrusives à ce point dans le processus judiciaire chez nous, et je le comprends. La série Netflix sur l’affaire Grégory (une production française) était remarquabl­e. Pour la première fois, et là où d’habitude on ne voyait que des extraits, même dans « Faites entrer l’accusé », on a eu l’intégralit­é des images de l’affaire, de son début à sa fin.

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Le présentate­ur est désormais sur Europe 1 dans « Hondelatte raconte ».

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