Martine fait campagne à l’église
Politique Une vidéo accuse la candidate LR de tenir un discours politique dans une église de Marseille
« Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, tient tranquillement un meeting pol[itique] à l’intérieur de l’Eglise.» Voici l’accusation portée sur Twitter par un internaute, s’interrogeant sur «le tollé médiatico-politique si c’était dans une mosquée? La laïcité, le communautarisme, c’est juste pour les musulmans…»
Il s’agit en réalité d’une vidéo postée par Bruno Gilles, candidat divers droit, avec ce commentaire : «On m’informe que certains vont à la messe ce dimanche, à l’intérieur de l’église de Sainte-Anne #Marseille, prendre publiquement la parole, afin de faire campagne, de la politique en parlant de Martine Vassal et d’Yves Moraine… #Municipales2020». Contrairement au premier tweet mentionné, il ne s’agit pas de Martine Vassal sur la vidéo, mais de Catherine Pila, adjointe déléguée aux édifices culturels, qui a répondu sur les réseaux : « Au titre de la délégation municipale que la maire de Marseille m’a confiée en 2014, je me suis rendue à la messe à l’église Sainte-Anne. […] Des travaux conséquents ont été réalisés ces dernières semaines dans cet édifice culturel appartenant à la commune. J’ai […] suivi l’évolution du chantier en me rendant sur les lieux avec les équipes en charge des travaux.» Elle affirme également : «Si mes concurrents politiques étaient arrivés avant le début de l’office, ils auraient entendu le père Llambrich non seulement nous remercier, Martine Vassal, Yves Moraine et moi-même pour le travail effectué ou engagé, mais aussi ils auraient entendu le prêtre me demander d’intervenir en fin de messe», se défend-elle.
«Cette situation interroge»
Me Alexandre Labetoule, associé du cabinet CLL Avocats, spécialisé en droit public, évoque l’article 26 de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat : «Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte.» «Cette situation interroge par rapport à l’article de cette loi. On peut se poser la question au regard de la teneur du discours puisque l’élue évoque clairement les subventions attribuées. Cela pourrait être éventuellement assimilé à une pratique électoraliste. Tout va dépendre du contexte de la réunion par rapport à la notion de réunion politique, notamment», égraine-t-il.
Louis le Foyer de Costil, avocat en droit électoral à Paris, introduit une autre notion. « Il ne faut pas qu’une réunion publique en tant qu’élu sorte de l’ordinaire. Si depuis deux mois, ils multiplient les inaugurations, cela pose question », détaille-t-il. Pour invalider une élection, le juge doit déceler une «altération de la sincérité du scrutin », explique Me Alexandre Labetoule. « Cela dépendra forcément du scrutin final. Ce sera difficile de prouver qu’une éventuelle irrégularité a pu exercer une influence sur le résultat final. Mais si cette pratique était généralisée dans les églises de Marseille, cela pourrait alors être différent», avance-t-il.