20 Minutes (Marseille)

Martine fait campagne à l’église

Politique Une vidéo accuse la candidate LR de tenir un discours politique dans une église de Marseille

- Adrien Max

« Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, tient tranquille­ment un meeting pol[itique] à l’intérieur de l’Eglise.» Voici l’accusation portée sur Twitter par un internaute, s’interrogea­nt sur «le tollé médiatico-politique si c’était dans une mosquée? La laïcité, le communauta­risme, c’est juste pour les musulmans…»

Il s’agit en réalité d’une vidéo postée par Bruno Gilles, candidat divers droit, avec ce commentair­e : «On m’informe que certains vont à la messe ce dimanche, à l’intérieur de l’église de Sainte-Anne #Marseille, prendre publiqueme­nt la parole, afin de faire campagne, de la politique en parlant de Martine Vassal et d’Yves Moraine… #Municipale­s2020». Contrairem­ent au premier tweet mentionné, il ne s’agit pas de Martine Vassal sur la vidéo, mais de Catherine Pila, adjointe déléguée aux édifices culturels, qui a répondu sur les réseaux : « Au titre de la délégation municipale que la maire de Marseille m’a confiée en 2014, je me suis rendue à la messe à l’église Sainte-Anne. […] Des travaux conséquent­s ont été réalisés ces dernières semaines dans cet édifice culturel appartenan­t à la commune. J’ai […] suivi l’évolution du chantier en me rendant sur les lieux avec les équipes en charge des travaux.» Elle affirme également : «Si mes concurrent­s politiques étaient arrivés avant le début de l’office, ils auraient entendu le père Llambrich non seulement nous remercier, Martine Vassal, Yves Moraine et moi-même pour le travail effectué ou engagé, mais aussi ils auraient entendu le prêtre me demander d’intervenir en fin de messe», se défend-elle.

«Cette situation interroge»

Me Alexandre Labetoule, associé du cabinet CLL Avocats, spécialisé en droit public, évoque l’article 26 de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat : «Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituelle­ment à l’exercice d’un culte.» «Cette situation interroge par rapport à l’article de cette loi. On peut se poser la question au regard de la teneur du discours puisque l’élue évoque clairement les subvention­s attribuées. Cela pourrait être éventuelle­ment assimilé à une pratique électorali­ste. Tout va dépendre du contexte de la réunion par rapport à la notion de réunion politique, notamment», égraine-t-il.

Louis le Foyer de Costil, avocat en droit électoral à Paris, introduit une autre notion. « Il ne faut pas qu’une réunion publique en tant qu’élu sorte de l’ordinaire. Si depuis deux mois, ils multiplien­t les inaugurati­ons, cela pose question », détaille-t-il. Pour invalider une élection, le juge doit déceler une «altération de la sincérité du scrutin », explique Me Alexandre Labetoule. « Cela dépendra forcément du scrutin final. Ce sera difficile de prouver qu’une éventuelle irrégulari­té a pu exercer une influence sur le résultat final. Mais si cette pratique était généralisé­e dans les églises de Marseille, cela pourrait alors être différent», avance-t-il.

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Martine Vassal a été confondue avec l’adjointe déléguée Catherine Pila.

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