«En deux jours, près de 1000 migrants sont arrivés»
Migration A Lesbos, Maria Alverti, de Caritas, témoigne de la gravité de la situation
Embarcations renversées, échauffourées entre policiers grecs et migrants… Plusieurs milliers de personnes sont arrivées, ces derniers jours, aux frontières grecques, notamment dans les cinq hotspots de la mer Egée [Lesbos, Chios, Samos, Leros et Cos]. Afin de faire pression sur Bruxelles concernant la crise syrienne, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a, en effet, pris la décision, vendredi, d’ouvrir les frontières de son pays. Alors qu’une réunion extraordinaire des ministres de l’Intérieur de l’UE s’est tenue mercredi, Maria Alverti, directrice de la branche grecque de Caritas, et présente à Lesbos, revient pour 20 Minutes sur la situation sur place.
Quelles conséquences a l’ouverture des frontières turco-grecques ?
Elle a incité un nombre massif de réfugiés et de migrants à essayer de se rendre en Grèce au niveau de la région d’Evros, dans le nord du pays. Les policiers et les militaires grecs se sont rassemblés aux frontières et ont fait usage de gaz lacrymogènes. Il y a eu des tensions pendant trois jours. [Mercredi, la Turquie a affirmé qu’un migrant a été tué par des tirs grecs, ce qu’a démenti la Grèce, selon l’AFP]. La police et l’armée ont déclaré avoir empêché 20 000 personnes d’entrer en Grèce. Au moins 63 d’entre elles ont été arrêtées et emprisonnées. Concernant les cinq hotspots, de plus en plus de bateaux ont accosté. Près de 1000 migrants sont arrivés ces deux derniers jours.
Qu’en est-il de la situation sur place ?
Il y a beaucoup de tensions sur les cinq îles. Une grande partie des populations locales n’est pas favorable aux réfugiés. Certaines personnes prennent l’initiative d’empêcher les migrants de débarquer. On ressent beaucoup d’agressivité et d’hostilité. Les médias et des membres du gouvernement attisent également un climat anti-ONG. Le gouvernement a, par ailleurs, annoncé la suspension de toutes les demandes d’asile depuis le 1er mars pour une durée d’un mois. Les migrants, entrés sur le pays de manière « illégale », vont donc être arrêtés et envoyés on ne sait où. Le gouvernement assure qu’ils vont être transférés sur le continent, qu’ils ne seront pas fichés et ne seront pas renvoyés vers leur pays d’origine.
Des mouvements d’extrême droite, comme Aube dorée, tirent-ils avantage de la situation ?
Aube dorée n’est officiellement pas présente dans les hotspots. Mais il y a des civils qui patrouillent et arrêtent les voitures pour contrôler les personnes dans l’habitacle. Des personnes frappent les journalistes et jettent leur équipement à la mer.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, était présente en Grèce, mardi. Comment a-t-elle réagi ?
L’Union européenne soutient entièrement le gouvernement grec dans toutes ses actions pour garder les frontières fermées.