Des denrées à sauver
Déstockage, dons au personnel, tutos vidéo… Les chefs s’organisent
Pire que Cendrillon avec son carrosse transformé en citrouille. Depuis samedi minuit, tous les cafés et les restaurants ont tiré le rideau de leur activité, sans avoir eu le temps de s’organiser afin de limiter les pertes. Aujourd’hui, les chefs et les restaurateurs luttent contre le gaspillage alimentaire et tentent de minimiser leurs pertes financières en mettant à disposition leurs stocks et marchandises.
«On a été pris de court»
«C’est dur, mais on compte sur nos bonnes vibes pour garder le cap, lance le chef franco-colombien Juan Arbelaez, à la tête de six restaurants. On va s’enfermer pour sortir de cette merde au plus vite.» «Avec ces fermetures, les restaurateurs vont jouer leur survie», prévient Bruno Verjus, chef du restaurant étoilé Table, à Paris. « Samedi soir, notre chambre froide était encore remplie de produits formidables, des lottes et des turbots de plusieurs kilos, des grosses pintades, quel dommage ! »
Une fois la déception passée, il a fallu s’organiser. Les deux restaurants italiens Daroco 16 et Daroco Bourse, à Paris, se sont lancés lundi dans la vente en direct de tous leurs produits frais : mozzarella, pâtes fraîches maison, pain, fromages… « On a été pris de court par les annonces de samedi », avoue Alexandre Giesbert, un des cofondateurs de Daroco. « On a transformé tous nos légumes en soupes et on les a mises sous vide. » Il envisage de partager entre son personnel et des associations : « On part au chômage technique, mais je ne vais me séparer d’aucun de mes salariés, pas même ceux qui étaient en période d’essai. C’est un pari sur l’avenir. »
« Les douze salariés du restaurant vont repartir avec la quasi-totalité des produits frais, envisage de son côté Bruno Verjus. Cela fait sept ans que le restaurant est ouvert et qu’on travaille comme des fous, ce n’est pas pour mettre la clé sous la porte. Il va falloir être hypercréatif. Mais il ne faudrait pas devoir vivre ça pendant des mois. »