Associations sous tension
Les organisations caritatives doivent faire face conjointement à un afflux de demandes et à un manque de bénévoles.
Des files d’attente devant les points de distribution alimentaire qui s’allongent de semaine en semaine. Les associations caritatives le confirment : « On observe un très fort accroissement de la demande d’aide alimentaire depuis le début du confinement, observe Jean Stellittano, secrétaire national du Secours populaire. Le nombre de bénéficiaires de nos colis alimentaires a progressé de 45 % en deux mois.» La crise sanitaire a mis en difficulté les ménages à faibles revenus, les faisant parfois basculer de la précarité à la pauvreté. «Beaucoup de gens que nous n’avions pas l’habitude de voir dans nos accueils y viennent désormais », explique Véronique Fayet, présidente du Secours catholique.
Cette hausse de la demande d’aide a engendré de fortes dépenses pour les associations : « L’aide apportée jusqu’à début mai par le Secours populaire représente l’équivalent de 315 millions d’euros, car nous avons dû acheter massivement des denrées alimentaires», informe Jean Stellittano. Sans compter qu’il a fallu s’équiper de masques, de visières, de gel. Toutefois, les associations ont pu bénéficier d’un élan de solidarité des Français, selon Nolwenn Poupon, porte-parole de France Générosités, syndicat qui représente une centaine d’associations : «Lors du confinement, beaucoup de particuliers ont effectué des dons en ligne. Mais on ignore s’ils recommenceront d’ici à la fin de l’année. Si la baisse des dons est trop forte à ce moment-là, la situation va se compliquer.» Le gouvernement a annoncé fin avril le déblocage d’une enveloppe de 39 millions d’euros distribués aux associations pour financer des achats de denrées. «Ça peut nous faire tenir plusieurs mois, mais la crise économique va se faire ressentir beaucoup plus longtemps », souligne Lionel Hesclowicz, trésorier des Restos du coeur. Par ailleurs, les associations manquent de bras actuellement : «On a fonctionné avec 30% de bénévoles pendant le confinement, car beaucoup d’entre eux sont âgés et ne pouvaient pas prendre de risque pour leur santé, explique Lionel Hesclowicz. Nous avons reçu des candidatures, mais nous n’avons pas pu intégrer beaucoup de nouveaux bénévoles car leur formation prend du temps, et nous étions déjà débordés. »
« Nous avons dû acheter massivement des denrées alimentaires. »
Jean Stellittano, secrétaire national du Secours populaire