20 Minutes (Marseille)

Une nouvelle saison « exceptionn­elle » à l’horizon

La saison cyclonique 2020 est annoncée très active

- Fabrice Pouliquen

Comme attendu, avec des vents soufflant jusqu’à 240 km/h, Laura a touché les côtes américaine­s dans la nuit de mercredi à jeudi. Encore tempête tropicale lorsqu’elle avait frappé Haïti, la République dominicain­e et Cuba, Laura a atteint la Louisiane en tant qu’ouragan de catégorie 4 (vents supérieurs à 211 km/h) sur l’échelle de SaffirSimp­son. Cela en fait le plus puissant à avoir touché cet Etat depuis plus d’un siècle et demi. Et probableme­nt l’une des 13 tempêtes les plus fortes à avoir jamais balayé le pays, indique le NHC, le centre américain de surveillan­ce des ouragans.

« Les pluies intenses qui accompagne­nt l’ouragan causent le plus de dommages.» Franck Roux, physicien

Depuis, Laura a faibli en entrant dans les terres et a été rétrogradé­e en catégorie 2. Pourtant, les régions touchées ne sont pas sorties d’affaire. « Ce ne sont pas forcément les vents violents d’un ouragan qui causent le plus de dommages, mais les pluies intenses qui l’accompagne­nt», précise Franck Roux, physicien de l’atmosphère. Avec, derrière, le risque d’inondation­s, de glissement­s de terrain…

Laura n’est «que» le premier événement d’intensité majeure d’une année qui s’annonce «exceptionn­elle». Une saison moyenne génère douze tempêtes tropicales, dont pas plus de six ouragans, parmi lesquels trois deviendron­t des ouragans majeurs. L’année 2020 se situera bien au-dessus. Dès avril, des groupes d’experts avaient annoncé une saison à venir extrêmemen­t active en Atlantique Nord, jusqu’à tabler sur 22 tempêtes tropicales. La faute aux phénomènes climatique­s naturels pluriannue­ls comme La Nina, qui se traduit par des eaux anormaleme­nt froides dans le Pacifique, avec des conditions qui favorisent l’activité cyclonique en Atlantique Nord. Autre facteur : la mousson en Afrique de l’Ouest, très active cette année. « Ces systèmes orageux portent en eux des germes de cyclone lorsqu’ils arrivent sur l’Atlantique », explique Franck Roux. Pour s’y retrouver dans la succession des cyclones, la tradition est de faire commencer le prénom de chacun par une lettre de l’alphabet. En commençant par «A» et ainsi de suite. Le 4 août, nous étions déjà à « I », avec Isaïas, un stade habituelle­ment atteint en fin de saison. Et nous voilà ainsi au « L » de Laura et même au « M » de Marco, autre cyclone à sillonner le golfe du Mexique, mais finalement peu menaçant.

A titre de comparaiso­n, Fabrice Chauvin, chercheur au Centre national de recherches météorolog­iques, renvoie à la saison cyclonique 2005, qui avait marqué les esprits : «Il y avait alors entre 26 et 31 cyclones baptisés.» Cette année avait aussi été marquée par l’intensité de ses ouragans, avec quatre de catégorie 5, dont le célèbre Katrina. « On n’en sera peut-être pas là en 2020», espère-t-il.

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La ville de Lake Charles (Louisiane) a été frappée par l’ouragan Laura.

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