20 Minutes (Marseille)

Thibaut Pinot, c’est son Tour

- Nicolas Camus

d’ici à la fin de ma carrière, j’en connaîtrai encore et je suis prêt à faire face. » Reconnaîtr­e ainsi ses faiblesses, les exprimer à voix haute, sans chercher à en rajouter des caisses, voilà une démarche qui transpire la maturité. « Thibaut a toujours été sincère dans ses prises de parole, développe Denis Troch, préparateu­r mental, qui a travaillé avec l’équipe française entre 2011 et 2018. Le plus important, c’est la résonance du discours, vis-à-vis de lui-même, de son équipe et de l’extérieur. » Pinot semble avoir atteint une forme de plénitude. A 30 ans, il se sent désormais «leadeur 100 % ». Jusqu’à l’année dernière, ce n’était pas le cas. « Il s’est construit à travers ses expérience­s, les bonnes et les moins bonnes, note Julien, son frère et coach au sein de la Groupama-FDJ. On le voit évoluer, grandir, s’affirmer de plus en plus. » Thibaut Pinot s’est tricoté son costume tout seul. Il n’a pas eu l’opportunit­é d’être guidé par un mentor dans ses jeunes années. La manière de parler à ses équipiers, d’exiger des choses d’un regard, d’être mis à l’abri dans le peloton… Autant de détails qui n’en sont plus quand on est celui qui doit viser la victoire sur un grand Tour. « C’est un leadeur qui fonctionne à la confiance, précise son frère. Il a à besoin de sentir que les personnes autour ont confiance en lui, et que lui-même leur apporte ce sentiment qu’ils sont tous en phase.» Pinot est un homme d’instinct. Son frère reprend : « S’il sent qu’on lui impose des choses qu’il n’a pas décidées ou qui ne lui correspond­ent pas, ça ne passe pas. Aujourd’hui, le groupe qui l’entoure connaît son fonctionne­ment. » Il faut croire que ça marche. Au moment

Steve Chainel,

de prolonger son contrat de quatre saisons, en juillet, Rudy Molard a assuré qu’il ne se voyait «pas courir dans une autre équipe que celle de Thibaut ». David Gaudu, 23 ans, est lui conscient de « la chance » qu’il a d’apprendre aux côtés du Franc-Comtois. « On espère que tout ce qui arrive à Thibaut servira à David et à Valentin [Madouas, 24 ans], affirme Julien Pinot. Ça va leur permettre de gagner du temps dans leur carrière. » Le patron a ses hommes derrière lui, même quand ça déraille un peu, comme lors de la dernière étape du Dauphiné, le 16 août. Attaqué de toutes parts, le leadeur du général avait fini par craquer à 25 km de l’arrivée. Frustré, agacé, il s’était défoulé sur un bidon.

« Pour moi, c’est positif, ça prouve qu’il est un vrai winner, qu’il a envie de gagner, qu’il ne se cache pas », rétorque l’ancien coureur pro Steve Chainel. « Cette étape avait été complèteme­nt dingue, harassante, défend son frère. Du coup, quand tu sens que tu lâches, c’est dur. Thibaut avait juste besoin d’extérioris­er. Jeter son bidon lui a permis d’évacuer et de se remettre dedans. » Ses coéquipier­s ont, eux, déjà oublié, et tout le monde est désormais tourné vers les trois semaines qui arrivent.

« C’est un vrai winner, il a envie de gagner, il ne se cache pas. »

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