Les enseignants entre inquiétude et fatalisme
Impatience, joie… mais aussi inquiétude et colère. Voilà les sentiments qui dominent au sein de la trentaine d’enseignants ayant répondu à notre appel à témoignages. Alors que Jean-Michel Blanquer a annoncé, dans Le JDD, dimanche, l’organisation d’un « grenelle des professeurs » pour une « transformation profonde du système éducatif », la sensation de « flou » et un sentiment d’abandon l’emportent chez les enseignants, dont la prérentrée scolaire a lieu ce lundi. L’application du protocole sanitaire censé les préserver, eux et leurs élèves, d’une contamination, cristallise le dépit des profs. « Si un mot pouvait résumer ce que l’on vit depuis mars, ce serait “bricolage”, témoigne Laetitia. On multiplie les contraintes, les incertitudes, les annonces diverses et variées. Nous, on se débrouille. Seuls.»
Pour beaucoup, le port du masque obligatoire, pierre angulaire du protocole mis en place pour cette rentrée, pose autant de questions sanitaires que pédagogiques. « En serrant les élèves dans des classes malgré leurs masques, tout en les laissant libres de s’amuser comme ils le souhaitent dans la cour, les gestes barrières ne sont pas respectés, explique Johan, professeur d’histoire-géographie en collège. D’autre part, le fait de porter un masque en classe va aussi ralentir les cours. »
Même inquiétude du côté des enseignants de maternelle et de primaire, qui porteront le masque en classe, contrairement à leurs élèves. «J’ai l’impression de vivre des restrictions qui sont contraires à l’épanouissement d’un enfant de 4 ou 5 ans, s’alarme Odile. Comment intégrer les mesures d’hygiène en classe, où le matériel de manipulation est important?» «Avez-vous déjà essayé de faire une dictée avec un masque ? s’interroge Vanessa. Mais vu le contexte, je comprends l’obligation, donc on fera avec.»
«Avez-vous déjà essayé de faire une dictée avec un masque ?» Vanessa, professeure des écoles