Rubirola défie l’Etat en proposant d’ouvrir le port de Marseille
En cas de détresse, la maire serait disposée à accueillir le «Louise Michel», affrété pour sauver des migrants en mer
Michèle Rubirola, la nouvelle maire issue d’une majorité de gauche, et Benoît Payan, son premier adjoint, ont annoncé samedi qu’ils étaient prêts à ouvrir le port de Marseille si le Louise Michel, ce bateau de sauvetage affrété par l’artiste Banksy, en faisait la demande. Le navire a lancé plusieurs appels à l’aide ce weekend, après avoir secouru 219 personnes en Méditerranée. « Après le premier “mayday relay”, les autorités de Lampedusa nous ont dit que ce n’était pas de leur ressort. La situation était épouvantable. Les 10 personnels de bord nous ont indiqué qu’ils n’avaient jamais vu ça. Les femmes et les enfants baignaient au milieu de l’embarcation, dans un mélange d’eau de mer et de gazole. Ils étaient recouverts de brûlures. Il y avait un cadavre à bord, trois autres personnes étaient mortes noyées », témoigne Marie, membre de l’équipe support restée à quai. L’équipage a transféré un maximum de personnes à bord du Louise Michel, avant d’en placer sur un radeau de sauvetage. « Le Louise Michel s’est retrouvé dans l’incapacité de manoeuvrer à cause du radeau de sauvetage mais, à aucun moment, le bateau ne s’est mis en danger », tient à préciser Marie. Sans prévenir personne, les autorités de l’île italienne de Lampedusa sont finalement venues récupérer, samedi, les 49 rescapés les plus mal en point, avant que les autres ne soient transférés à bord du Sea Watch 4. Marie rappelle le droit maritime : « Il prévoit que le bateau débarque dans le port le plus proche.» Dans cette situation précise, Marseille se trouvait à l’autre bout de la Méditerranée. Et la municipalité n’a de toute façon pas la possibilité de décider seule, les ports français étant sous tutelle de l’Etat. « Cette situation demande une responsabilité, si le Louise Michel est en détresse et qu’il nous fait la demande de venir à Marseille, nous, on l’ouvre, le port », rétorque Benoît Payan. Pour
Marie, cela a le mérite de rouvrir le débat, mais « la véritable problématique est la répartition entre pays des personnes secourues, plus que le port d’accueil ». « L’Etat français doit se saisir de cette situation », estime Benoît Payan. Depuis ce weekend, « la présidence de la République ne s’est pas manifestée », fait-il savoir, avant de poursuivre : « Quelle que soit leur couleur de peau, on ne laisse pas des personnes se noyer en mer. » Environ 300 migrants ont déjà péri en 2020 en Méditerranée, mais l’Organisation internationale pour les migrations rapporte que ce chiffre pourrait être beaucoup plus élevé.
« Quelle que soit leur couleur de peau, on ne laisse pas des personnes se noyer en mer. »
Benoît Payan, premier adjoint