Le procès de la barbarie
Cinq ans après les attaques de «Charlie Hebdo», de Montrouge et de l’Hyper Cacher, quatorze personnes sont jugées pour avoir aidé les terroristes.
A eux trois, ils ont tué 17 personnes et en ont grièvement blessé 7 autres. Mais le procès des attentats de janvier 2015 se tiendra sans eux, les assassins. Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont été abattus, le 9 janvier 2015. Les quatre années d’instruction n’ont pas permis d’identifier les donneurs d’ordre de ces attaques, mais 14 personnes, soupçonnées d’avoir apporté un soutien logistique aux terroristes, sont jugées à partir de ce mercredi par la cour d’assises spéciale, à Paris, dont 3 en leur absence (lire ci-dessous). Dans le box, seul Ali Riza Polat devra répondre de «complicité de crime », les autres accusés présents étant poursuivis pour association de malfaiteurs terroristes.
Ce Franco-Turc de 35 ans, ami de longue date d’Amedy Coulibaly, est décrit par les juges d’instruction comme le bras droit du djihadiste, «présent à tous les stades de la préparation des actions terroristes». Il est suspecté de l’avoir aidé à se procurer les armes employées pour les attaques, soit en jouant les ouvreurs lors d’un convoi entre la Belgique et la France, soit en endossant un rôle d’intermédiaire. L’intéressé réfute les accusations portées à son encontre. Au cours de l’instruction, il a seulement admis avoir monté des escroqueries à l’assurance avec Amedy Coulibaly.
Pourquoi alors avoir cherché à gagner la Syrie, trois jours après les attentats? Recalé à la frontière, Ali Riza Polat, converti à l’islam en 2013 après un séjour en prison, est rentré en France avant de repartir le lendemain pour un court séjour en Thaïlande. A son retour, et alors qu’il fait l’objet d’une étroite surveillance, il entreprend d’étranges promenades qui pourraient s’apparenter à un macabre pèlerinage. Le 28 janvier, il se rend devant l’Hyper Cacher pour «lire les mots que les gens avaient écrits»; le lendemain, il se promène près de Bastille, à deux pas des locaux de Charlie Hebdo. Aux enquêteurs, il expliquera avoir été là-bas pour manger « une pomme d’amour », comme le faisait Amedy Coulibaly.
Jusqu’au 10 novembre, la cour d’assises devra s’attacher à démêler le rôle des uns et des autres. Les accusés encourent trente ans de réclusion criminelle, à l’exception d’Ali Riza Polat, qui risque la perpétuité.
Fin janvier 2015, il se rend devant l’Hyper Cacher pour «lire les mots que les gens avaient écrits ».