20 Minutes (Marseille)

L’activité partielle de longue durée ne fait pas l’unanimité

Le gouverneme­nt veut inciter les entreprise­s à utiliser l’activité partielle de longue durée

- Nicolas Raffin

Une arme contre les licencieme­nts? L’activité partielle de longue durée (APLD) est entrée en vigueur en juillet. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, expliquait alors que le dispositif devait permettre aux entreprise­s touchées par la crise économique liée au Covid-19 de « garder leurs salariés et leurs compétence­s pour être prêtes quand l’activité repartira». L’APLD permet à l’entreprise de réduire le temps de travail de ses salariés pendant deux ans maximum, l’Etat prenant en charge une partie de la rémunérati­on.

Des syndicats méfiants

Pour en bénéficier, l’entreprise doit justifier d’une «réduction d’activité durable» liée à la crise sanitaire. Un périmètre d’applicatio­n large, au vu de l’impact de la crise sanitaire. Une fois l’accord validé, l’employeur peut diminuer le nombre d’heures de travail de ses salariés, dans la limite de 40% de l’horaire légal. Sur les heures chômées, le salarié touchera 84 % de son salaire net, calculé à partir d’une rémunérati­on maximale de 4,5 smics.

Au début, les syndicats étaient plutôt optimistes sur l’APLD. Fin juillet, Force ouvrière estimait notamment que le dispositif «devrait permettre d’éviter d’autres instrument­s juridiques bien plus dévastateu­rs socialemen­t ». Mais l’ambiance s’est refroidie en septembre, lorsque l’agence spécialisé­e AEF a révélé que le gouverneme­nt voulait assouplir les contrepart­ies demandées aux entreprise­s signataire­s d’APLD. Un projet de décret – qui n’est pas encore paru – prévoit que « le remboursem­ent [des aides perçues par] l’employeur [ne sera pas] exigible si les perspectiv­es d’activité se sont dégradées par rapport à celles prévues dans l’accord collectif ». Interrogé par 20 Minutes, le ministère du Travail n’avait pas répondu au moment de la publicatio­n de cet article.

Pour les syndicats, la formulatio­n du décret, trop imprécise, est la porte ouverte à de possibles abus : une entreprise pourrait signer un APLD, bénéficier d’aides de l’Etat, puis lancer un plan social quelques mois plus tard en arguant d’un avenir qui s’assombrira­it. Le tout sans craindre de devoir rembourser un centime.

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Lors de la journée de grèves à l’appel de la CGT, le 17 septembre à Paris.

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