Comment la communication de l’exécutif évolue sur la question des vaccins
Jeudi, le Premier ministre a tenté de rassurer avec un discours ferme mais plus flou
«Hors de question de baisser la garde.» Lors de sa conférence de presse, jeudi, le Premier ministre, Jean Castex, a adopté un discours de fermeté pour tenter de rassurer. Inquiet d’une situation sanitaire « plus fragile » face à l’épidémie de Covid-19, menacée par le variant britannique plus contagieux, il a maintenu toutes les restrictions sanitaires en vigueur et compte étendre le couvre-feu à 18 h à dix nouveaux départements (lire ci-contre).
«Une sorte de rétropédalage»
Premier impératif de cette conférence de presse : montrer que la France n’est pas à la ramasse dans sa politique vaccinale. Et ce pour répondre à l’opposition, qui accuse le gouvernement d’être en retard dans sa campagne. «Jean Castex a joué le rôle de pompier de service pour tenter de montrer que la France n’était pas le mauvais élève de l’Europe, analyse Alexandre Eyries, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication politique à l’université de BourgogneFranche-Comté. On assiste à une sorte de rétropédalage, comme lors de la pénurie de masques au début de la crise sanitaire.»
Alors que prudence et progressivité étaient les maîtres-mots de décembre, en janvier, la vitesse prime. «Après avoir pris beaucoup de temps à définir une méthode pour cette stratégie vaccinale, le gouvernement veut subitement accélérer et préciser le cap», poursuit Alexandre Eyries. Pour convaincre les Français du dynamisme du gouvernement, le Premier ministre et son ministre de la Santé, Olivier Véran, ont maculé leur discours de statistiques. « Après les 20 000 personnes vaccinées en dix jours, encore 25000 devaient être vaccinées jeudi », a notamment déclaré Olivier Véran. «Un tel recours aux chiffres, c’est une manière de donner de la cohérence et de la clarté pour contrebalancer l’impression de flou qui a prédominé ces dernières semaines », commente le spécialiste de la communication politique.
Une profusion de détails qui semble contrebalancer l’absence de repères ailleurs. «Les musées, les cinémas, les théâtres, les salles de spectacle, les équipements sportifs ou de loisirs ne connaîtront, dans les semaines qui viennent, aucun assouplissement», a indiqué Jean Castex. Un flou volontaire qui signe la volonté de ne pas reproduire les mêmes erreurs, selon Alexandre Eyries. «Donner un calendrier trop précis, c’est forcément s’exposer au risque de créer de faux espoirs et au final de donner une impression d’amateurisme, conclut l’enseignant-chercheur. Le gouvernement s’avance moins sur des dates, mais il risque moins de faire des impairs. »