20 Minutes (Marseille)

La municipali­té à la chasse aux terres agricoles

La municipali­té a identifié plus de deux cents hectares qui pourraient être «récupérés» par des exploitant­s urbains

- Mathilde Ceilles

Des champs, un âne et un cheval, au bout d’une impasse tortueuse, dans le calme le plus absolu. Seules les barres d’immeuble et la Bonne Mère, en arrière-plan, rappellent que, malgré les apparences, nous sommes bien dans les quartiers Nord de Marseille, dans le 14e arrondisse­ment. Il y a six ans, quatre jeunes Marseillai­s ont décidé de s’installer sur ce lopin de terre du quartier de Sainte-Marthe pour y bâtir Terre de Mars.

Contre la « bétonisati­on »

La petite ferme urbaine de 2 ha cultivés fait figure d’exception dans une ville autour de laquelle les constructi­ons poussent comme des champignon­s. Mais elle est un modèle pour le nouveau maire socialiste. A l’occasion d’une visite, ce lundi, dans cette ferme, Benoît Payan a affirmé sa volonté de « sanctuaris­er ses terres ». Comme pour acter une rupture avec son prédécesse­ur, Jean-Claude Gaudin (LR), accusé par ses opposants de souffrir d’une fièvre bâtisseuse. « Les terres vierges à Château-Gombert ou à La Valentine ont été appelées des zones à urbaniser, s’indigne Benoît Payan. C’est d’une violence inouïe. C’était des zones pour délivrer des permis de construire et massacrer avec la bétonisati­on. On va passer toutes ces zones en zone agricole. » A quelques mètres, plusieurs immeubles flambant neufs viennent de sortir de terre. Selon l’adjointe en charge de l’agricultur­e urbaine, Aïcha Sif, « Marseille compte 239 ha de terrains agricoles qu’on peut récupérer ».

« Il y a une vraie question autour du foncier, estime Pablo Cano-Rozain, l’un des quatre cogérants de Terre de Mars. Si la métropole déclasse les zones naturelles habitables en zone agricole, cela fait plus de terres pour les agriculteu­rs. »

Car c’est bien la métropole, dirigée par l’ancienne candidate LR aux municipale­s, Martine Vassal, qui est au coeur de ce dossier, en tant que collectivi­té qui dessine le plan local d’urbanisme intercommu­nal (PLUi). « Nous allons demander des modificati­ons du PLUi, affirme Mathilde Chaboche, adjointe en charge de l’urbanisme. La métropole n’a pas à dire ce que la ville doit faire en règle d’urbanisme. On commencera à tout mettre en place pour avril, afin de lancer l’enquête publique à l’automne, pour un vote prévu entre fin 2021 et début 2022 en conseil municipal, puis territoria­l et métropolit­ain. » Contactée, la métropole affirme vouloir « faire basculer le foncier en zone agricole (…) dès lors que le secteur géographiq­ue concerné possède un vrai potentiel ». Et d’avertir : « Dans le cadre juridique de la modificati­on du PLUi, une partie des zones à urbaniser doit rester dédiée à l’ouverture à l’urbanisati­on afin de rester conforme aux objectifs de production de logements ». Selon la métropole, « 201 ha ont été basculés en terres agricoles dans le PLUi adopté le 19 décembre 2019 ».

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La nouvelle municipali­té veut «sanctuaris­er» les fermes urbaines.

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