Sur quel pied vont pouvoir danser les festivals ?
Si la ministre de la Culture a autorisé les événements musicaux cet été, elle a instauré une jauge de 5000 personnes assises
Combien de festivals se dérouleront cet été ? Le secteur des musiques actuelles s’interroge après le cadre fixé, jeudi, par le ministère de la Culture : 5 000 personnes assises maximum. «On est sous le choc, dos au mur», a lancé à l’AFP Jean-Paul Roland, directeur du festival des Eurockéennes et représentant du Prodiss, le syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle dans le privé.
« Aux Eurockéennes, nous ne prenons pas de décision précipitée, à chaud, nous allons nous revoir avec d’autres festivals », a ajouté Jean-Paul Roland. Son rendez-vous a déjà annoncé sa programmation, qui comporte des têtes d’affiche internationales comme Muse, DJ Snake ou Massive Attack. « Avec 5 000 personnes, c’est impossible, quel artiste accepterait ? Et puis, aux Eurocks, le spectateur n’est pas là pour être assis et voir un concert, regrette-t-il encore. Il est là pour un moment de vie. C’est ça qui est exclu avec la décision du ministère. »
En revanche, le directeur du festival des Vieilles Charrues, qui se déroule à Carhaix en Bretagne, veut voir le verre à moitié plein. « On s’adaptera. Ce ne sera pas un été silencieux à Carhaix, ce sera l’été des retrouvailles », confie Jérôme Tréhorel. Pour 20 Minutes, il partage son désir de voir l’événement exister en 2021 : « On a vraiment envie qu’il y ait un festival. Il sera peut-être différent, mais on sera là. » Le directeur évoque aussi les pistes auxquelles lui et son équipe réfléchissent. Il s’agit non pas d’adapter l’ancien festival, mais bien de créer un projet complètement nouveau : « Ce qu’on a imaginé à la suite des déclarations de la ministre, c’est que, si on parle de 5 000 [festivaliers] assis, ce seront des gradins ou des parterres assis face à des scènes. (…) Les bulles ou autres, ça peut être des formes complémentaires. »
« On en sait un peu plus pour le cadre général, mais il reste des zones de flou. Ce qui est sûr, c’est que la saison des festivals 2021 ne sera pas comme les autres», juge pour l’AFP Aurélie Hannedouche, déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles (SMA).
Elle pointe parmi les zones grises la question de l’autorisation des zones bar et restauration, qui dépendra de la réouverture « dans le secteur de la restauration ». Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a, également, présenté jeudi « une enveloppe de 30 millions d’euros » pour accompagner les festivals vers des formats alternatifs ou limiter la casse en cas d’annulation.
« On s’adaptera. Ce ne sera pas un été silencieux à Carhaix. » Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrrues