Coronavirus
Après le variant anglais ou sud-africain, faut-il craindre l’émergence des recombinants ?
Plus d’un an après le début de l’épidémie de Covid-19, on n’en a pas fini de découvrir la science complexe des virus. Après les inquiétudes autour des mutations, ce sont vers les recombinants que les regards se tournent. Des virus hybrides, issus de variants différents, qui ont été repérés en février aux Etats-Unis et en mars au Royaume-Uni. Sont-ils à craindre ?
› C’est quoi, un recombinant ? Par nature, tout ce qui est vivant varie. Les virus faisant partie du vivant, eux aussi varient quand ils se reproduisent dans nos cellules. Là, deux choses peuvent se passer : la mutation, comme cela s’est produit avec les variants anglais ou brésilien. « C’est une erreur lors de la photocopie, c’est la première cause de variabilité » , explique François Renaud, directeur de recherche au CNRS. Et, plus rarement, une recombinaison. « Si deux virus avec deux séquences différentes entrent dans la cellule, au moment de la recopie, je peux avoir des morceaux de l’un qui intègrent la séquence de l’autre et vice versa », poursuit le chercheur. Un recombinant, c’est un hybride créé à partir de deux virus.
› Quelle place occupent-ils dans l’épidémie ? Pour qu’il y ait apparition d’un recombinant, il faut, en premier lieu, une très forte circulation de plusieurs variants du virus, qui permette à deux pathogènes différents de contaminer un même hôte au même moment. « C’est absolument anecdotique, estime Didier Guillemot, épidémiologiste à l’Institut Pasteur. Ce n’est pas le mécanisme majeur de l’évolution du virus. » Et là encore, rien n’est acquis. « En cas de recombinaison, le plus probable, c’est qu’elle soit délétère pour le virus », poursuit le chercheur. En d’autres termes, ces conditions sont trop rares pour que l’épidémie prenne un tournant plus dangereux.
› La recombinaison présente-telle un risque plus élevé ? Mutation ou recombinaison, finalement, le mécanisme importe peu, expliquent les chercheurs. C’est la variabilité du virus qui représente un danger dans cette épidémie. « Le problème du variant, c’est sa performance : quelles vont être sa contagiosité, sa virulence et sa résistance aux moyens médicamenteux pour lutter contre lui ?, explique François Renaud. La grande crainte avec le coronavirus, c’est l’apparition d’un variant résistant au seul moyen que l’on a contre lui : les vaccins. » Et cela peut aller très vite. En France, le variant anglais, jugé plus contagieux et plus virulent, a rapidement remplacé la souche d’origine du virus. Il représente désormais 76,9 % des contaminations dans le pays.