Le groupe Massilia Sound System redonne le « la »
Avec son nouvel album, Massilia Sound System revient mettre le Oaï
Massilia Sound System is back. Le groupe Marseillais a sorti un nouvel album, Sale Caractère, entièrement composé pendant le deuxième confinement. « Une bouffée d’oxygène », pour les quatre amis. Il diffuse sur Facebook un concert depuis l’espace Julien, en live à 20 h 30. Vous avez écrit et composé cet album en seulement trois mois... Gari Greu : On était un peu dans le brouillard avec le premier confinement. Moi, j’avais sorti mon album solo quinze jours avant. Tout s’est arrêté, pareil pour les collègues. On a décidé de retourner en studio en septembre, on avait pris l’été pour réfléchir. Ça m’a sauvé la mise d’un point de vue psychologique de retrouver les collègues. On s’est fait du bien en tâchant de faire du bien aux autres. Pourquoi « Sale caractère » ? Est-ce ce qui vous défini le mieux ? Gari Greu : Sale caractère, c’est être en vie, c’est ce Marseillais au verbe haut, qui donne son avis. C’est un peu la vision qu’ont les étrangers du Français moyen, qui ouvre sa gueule malgré nos acquis sociaux faits de luttes, toujours avec cette capacité de s’indigner. Vous réutilisez l’autotune, tellement critiquée à vos débuts, et à ceux de Jul… Gari Greu : Si on veut intellectualiser le truc, c’est un mépris de classe. Comme quand Jul poste un truc avec des fautes d’orthographe et que tout le monde ne parle que de ça, et tant pis s’il disait un truc brillant. L’autotune, il y a un a priori selon lequel ce serait réservé à la musique du bas peuple, qui n’a pas de goût. J’ai beaucoup de tendresse pour Jul. Je trouve hallucinant que Bande Organisée ne soit pas la chanson de l’année. En tant que Marseillais, ça nous fait réagir, c’est encore plus un porte-étendard qu’IAM. Papet J : Quand j’étais petit, on disait que les mecs qui faisaient de la guitare électrique, ce n’était pas de la musique. Puis, on disait des mecs qui scratchent que ce n’était pas de la musique. Donc l’autotune, ce n’est pas de la musique. C’est annoté comme un attribut de la culture populaire vilipendé par des soi-disant esthètes. Quel regard portez-vous sur la réussite des rappeurs marseillais ? Gari Greu : Ils ont la chance d’être en phase avec une époque où ce style catalyse le public. Leur composition artistique est très recevable, ils ont leur identité en étendard et font danser toutes les générations. Tous les rappeurs qui ont précédé Jul ont pompé les Américains. Jul, il a inventé son style. Et ce n’est pas légion dans ce genre, d’où de la fierté.