La force des panneaux photovoltaïques passe aussi par l’arrière
L’évolution technologique du photovoltaïque permet d’utiliser de plus en plus la face arrière d’un panneau, et de produire plus d’électricité
Un sol calcaire plutôt que de l’herbe verte. De la neige plutôt qu’une terre brune. Quelle surface est- elle la plus judicieuse pour implanter une centrale électrique solaire ? Vous savez, ces alignements de panneaux photovoltaïques qui commencent à fleurir aux abords des autoroutes. Jusque-là, la question se posait peu. « L’albédo, c’est-à-dire la capacité d’un sol à réfléchir la lumière du soleil, n’était pas un critère pris en compte dans la sélection des sites, explique Benoît Posté, chef de projet innovation chez Engie Green, filiale d’Engie spécialisée dans les énergies renouvelables. Car, sur les panneaux standards, seule la face avant, directement exposée au soleil, compte. La face arrière se résume pour l’essentiel à faire passer un enchevêtrement de fils. » Mais cela pourrait changer avec l’arrivée des panneaux photovoltaïques bifaciaux.
Sur ces modèles, la face arrière aussi capte la lumière, celle reflétée par son environnement. Le sol essentiellement. D’où l’importance de prendre en compte son albédo. « Plus la teinte sera claire, meilleur sera le pouvoir de réflexion, et inversement » , explique Benoît Posté. La technologie bifaciale n’est pas nouvelle, préciset-il : « Le premier brevet date de 1966. Mais les évolutions technologiques ont fait que, aujourd’hui, les écarts de prix avec les panneaux monofaciaux se réduisent. »
Au point que le bifacial devienne la technologie standard ? L’édition 2020 de l’International Technology Roadmap for Photovoltaics, une feuille de route des acteurs de l’industrie photovoltaïque, prévoyait que la part du marché des modules photovoltaïques bifaciaux augmentera pour atteindre 45 % des nouvelles installations en 2024 et 70 % en 2030. De quoi augmenter fortement la production d’électricité du photovoltaïque.
À condition de réfléchir à la façon d’implanter ces panneaux bifaciaux. L’albédo ne sera pas le seul critère à prendre en compte. « Il faudra aussi jouer sur la hauteur des tables [sur lesquelles sont apposés les panneaux], sachant que, plus elles sont hautes, plus il y aura de la lumière dessous », ajoute Benoît Posté. Engie Green va ainsi tester quatre centrales solaires bifaciales, notamment sur des sites avec des albédos variés. La première sera mise en service dans le courant de l’automne. Les autres suivront d’ici à avril 2023.
Les modules bifaciaux pourraient concerner 70 % des nouvelles installations en 2030.