20 Minutes (Marseille)

Coup de chaud sur les prix des fruits de l’été

Les gelées tardives ont gêné l’agricultur­e : les grossistes se tournent vers l’Espagne et les prix des fruits s’envolent

- Alexandre Vella

C’est la catastroph­e pour tout le monde », résume Nicolas Savier, arboricult­eur installé à Mazan, au pied du mont Ventoux. Sur ses 20 ha de cerisiers, il enregistre 95 % de pertes. « On est descendu à -6,5 °C en avril pendant quelques nuits », rappelle-t-il. Et après avoir brûlé pour 10 000 € de bougies, il a décidé « d’arrêter les frais. Dans ces conditions, en dessous de -5 °C, il n’y a rien à faire », regrette-t-il. Mendy Montolin, sa voisine d’exploitati­on, qui cultive également des abricots et des figues sur 17,5 ha, « a tout perdu ». Pour alimenter son magasin de vente directe, elle achète les quelques cerises restantes à ses voisins pour les vendre à 8 € le kg, « contre 4 € d’ordinaire ».

Une situation qui se répercute dans tous les magasins, où le prix des fruits d’été s’envole. Stéphane Guy travaille pour Jeanningro­s, un grossiste du marché d’intérêt national des Arnavaux, à Marseille. « C’est très compliqué de vendre du produit français. Les prix sont très hauts, environ 30 % plus chers et il y a peu de volume. » Sans surprise, cette année encore davantage, « les gens se tournent vers l’Espagne pour l’approvisio­nnement », remarque ce grossiste dont le chiffre d’affaires annuel dépasse les 30 millions d’euros. À catégorie équivalent­e, les prix varient du simple au double. Ainsi, par exemple, le kilo de cerises espagnoles de catégorie 1, calibre 26 mm, se vend à prix grossistes à 3,71 € hors taxes contre 8,28 € pour les françaises, selon des données de FranceAgri­mer, établissem­ent public rattaché au ministère de l’Agricultur­e. En 2020, à pareille époque, ces mêmes cerises se négociaien­t à 4,12 €.

« Des soucis climatique­s récurrents »

Dans une étude publiée mi- juin, Agrest, le service des études statistiqu­es du ministère de l’Agricultur­e, fait un gros plan sur la production d’abricots. La production de cette année s’annonce pour la France comme « la plus faible depuis au moins quarante-six ans », prévoient les auteurs de l’étude.

Après les gelées, politiques et représenta­nts des pouvoirs publics s’étaient déplacés sur différente­s exploitati­ons pour apporter soutiens et promesses. Déjà touchée pour le gel l’an dernier, Christine Chaix, installée du côté de Manosque, dit « avoir reçu ce mois 40 % du montant de l’aide accordée pour l’an dernier ». « C’est très long, vous avez le temps de ne plus respirer. Il ne faut pas attendre ça pour manger », a compris cette paysanne de toujours qui constate « des soucis climatique­s récurrents depuis dix ans. Il fait chaud en février et mars, ça bourgeonne, puis on a un retour du froid. »

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A. Vella / 20 minutes
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A. Vella / 20 Minutes Les magasins répercuten­t sur les prix les difficulté­s d’approvisio­nnement
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