La trottinette, nouvelle arme des délinquants
Ces engins électriques sont très utilisés par certains malfrats, notamment les trafiquants de drogue
Impossible d’être passé à côté : l’usage des trottinettes électriques s’est démocratisé. Selon la Fédération des professionnels de la micromobilité, il s’est vendu près de 800 000 trottinettes en France en 2022. Parce que c’est plus écolo que la voiture, parce que ce n’est plus si cher, parce que ça permet de se faufiler en ville… Autant d’avantages qui séduisent les délinquants, qui y voient un moyen de commettre leurs forfaits ou d’échapper à la police. C’est le cas dans l’affaire dite du « violeur à la trottinette », à Grenoble, dans laquelle un suspect a été mis en examen.
Selon la direction interdépartementale de la Police nationale (DIPN) du Nord, le phénomène chez les délinquants remonte à « environ deux ans ». Les faits les plus nombreux se concentrent dans le trafic de stupéfiants. « Dans une proportion croissante de lieux de trafic, nous connaissons l’une des stratégies des trafiquants, qui est de mettre en première ligne des mineurs ou des majeurs d’autres quartiers pour tenir ou ravitailler les points de distribution de stupéfiants et acheminer les recettes, explique Carole Étienne, procureure de Lille. Cette activité se fait parfois à trottinette, à vélo ou à moto. »
Les forces de l’ordre en difficulté
Dans un autre domaine, « dans certains quartiers de Paris, la trottinette est souvent utilisée pour des vols à l’arraché de montres ou de chaînes de cou », assure Loïc Walder, délégué national du syndicat Unsa-Police. Et tout ça n’est pas sans poser de problèmes aux forces de l’ordre. « Il y a la facilité de fuite que cela procure, mais surtout la difficulté pour les policiers d’identifier un véhicule dépourvu de signe distinctif », reconnaît le syndicaliste.
« Nous adaptons nos dispositifs pour faire face avec, par exemple, l’emploi de motards », rétorque la DIPN du Nord. « On a des moyens, admet Loïc Walder. Mais que voulez-vous qu’un policier à VTT fasse s’il doit intercepter un individu sur une trottinette débridée ? Il faut continuer la réflexion autour de nouveaux moyens », insiste le syndicaliste, sans fermer la porte à un emploi des trottinettes par les forces de l’ordre.
Mais ces engins peuvent aussi aider à coincer les criminels. Pour le « violeur à la trottinette », le parquet a reconnu que le modèle particulier que le suspect utilisait était un des éléments ayant permis aux enquêteurs de retrouver sa trace.
Des affaires spectaculaires
Les trottinettes ont pu être utilisées, ces dernières années, dans des affaires impressionnantes. En juin 2019, par exemple, deux mineurs avaient dérobé un coffre-fort dans un appartement du 18e arrondissement de Paris avant de s’enfuir à trottinette. Toujours à Paris, en 2021, à l’issue du braquage d’une bijouterie, le suspect avait disparu au guidon d’une trottinette, emportant un butin de 3 millions d’euros.