Quand le vin se boit au vert
Deux producteurs du Gard se sont lancés dans la production de vin 100 % végétale
Désormais, même les amateurs de vin ont la possibilité de boire «vegan». Le logo européen Label V, qui certifie, depuis 2016, en France (et une dizaine d’années en Europe) de la provenance 100 % végétale des produits, débarque au rayon grands crus. « Le vin est un domaine extrêmement particulier : les ingrédients ne sont pas directement indiqués sur la bouteille, d’où la volonté croissante des consommateurs et des producteurs de proposer plus de clarté », confie Jean-Benoît Robert, membre de l’association végétarienne de France et responsable du Label V dans l’Hexagone.
Fini les blancs d’oeuf
Pour l’instant, sept producteurs de vin seulement en France ont le droit d’apposer le logo jaune et vert sur les bouteilles. « Mais c’est exponentiel », note Jean-Benoît Robert. C’est notamment le cas du château Beaubois, à Franquevaux, sur les terres de l’appellation des Costières de Nîmes. Après le passage à une agriculture raisonnée en 2001 et au bio en 2009, le domaine franchit une nouvelle étape. « Le label “vegan”, c’est une façon de continuer notre parcours environnemental », confie Fanny Molinié-Boyer, qui s’occupe de ce domaine familial de 50 ha, dont les ventes ont doublé en moins de trois ans, avec le passage au biologique. Les rosés et les blancs portent déjà ce label. Quant aux rouges, ce sera pour le printemps. « D’ordinaire, le vigneron rajoute dans son vin des blancs d’oeuf, reprend la gérante du château. Très peu : c’est de l’ordre d’une demi-cuillère pour environ une centaine de litres de vin. Nous remplaçons cette protéine animale par de la colle de pois cassés. » Et que les consommateurs se rassurent : cela ne change absolument rien au goût. C’est juste une nouvelle manière de travailler, en respectant les normes du véganisme. A la cave coopérative de Saint-Maurice de Cazevieille, qui rassemble 200 vignerons gardois au pied des Cévennes, on s’est aussi lancé dans l’ère du végan : 250 hl de vin labellisés ont été produits dernièrement. Là aussi, les pois cassés ont pris la place des protéines animales. « Ce n’est que le démarrage, explique Vincent Trouillas, président de la cave. C’est un processus qui est dans l’air du temps, qui reflète bien l’évolution du marché et la demande du consommateur. » Au château Beaubois, le label vegan a suscité un véritable engouement : le téléphone n’arrête pas de sonner : « Notamment des importateurs étrangers de vin, qui sont intéressés. »