« Chez nous », une puissante mise en garde
Dans Chez nous de Lucas Belvaux, Catherine Jacob incarne Agnès Dorgelle, une femme politique d’extrême droite librement inspirée de Marine Le Pen. Elle cornaque une jeune recrue incarnée par Emilie Dequenne et est épaulée par un vieux médecin joué par André Dussollier dans ce film passionnant et militant.
Inspiré par le Front national
« Je me suis basé sur Marine Le Pen, mais aussi sur sa nièce Marion et d’autres politiciennes populistes européennes, explique Lucas Belvaux. Elles sortent tous du même moule : blondes, souriantes, vite hargneuses. » Catherine Jacob a puisé dans son expérience théâtrale pour donner vie à son personnage, notamment lors d’une impressionnante scène de meeting. « Il faut avoir quelques petites heures de vol pour jouer un rôle comme celui-là, confie-t-elle. Cette femme doit être à la fois tonique et mordante tout en parlant de façon claire pour que chacun de ses mots soit bien saisi par ceux qui l’écoutent. » « J’ai choisi Catherine Jacob parce qu’elle est une actrice populaire qui sait se montrer sympathique tout en ayant une forte personnalité, explique Lucas Belvaux. On sent qu’elle peut exploser à tous moments. » Le réalisateur belge s’est beaucoup documenté sur les formations d’extrême droite pour que la femme politique soit proche de la réalité. Et le spectateur est bluffé par sa prestation. Le relooking de la future candidate, jouée par Emilie Dequenne dont l’apparence est modifiée pour ressembler à la patronne du parti, constitue un grand moment. La façon dont Agnès Dorgelle ne laisse pas sa disciple placer un mot devant le public et la presse lors des rassemblements, comme la manière crue dont elle s’exprime en privé, n’ont pas été laissées au hasard. « Je suis resté en dessous de la vérité sur bien de points. La réalité dépasse de beaucoup ma fiction », martèle Lucas Belvaux. La comédienne et le réalisateur se sont fait insulter sur les réseaux sociaux. « La réaction neuneu du Front national sur Chez nous est un cadeau ! s’exclame Catherine Jacob. Elle prouve que nous tapons juste. » « C’est la méthode du FN que de se victimiser, insiste Lucas Belvaux. Pour ce type de partis, on ne peut être qu’un partisan ou un ennemi ! » Chez nous n’est pas seulement un divertissement réussi, c’est aussi une puissante mise en garde.