La Camarguaise dans la course pour l’Unesco
TRADITIONS Le député Vignal va déposer une demande d’inscription pour la course régionale
Comme la culture de la bière en Belgique, le café turc, l’équitation française, la capoeira ou le Fado portugais, la course camarguaise rejoindra-t-elle le patrimoine culturel immatériel de l’Unesco ? C’est en tout cas le souhait de Patrick Vignal, député PS de l’Hérault, qui a lancé un combat depuis plusieurs mois, pour que cette discipline, pratiquée dans l’Hérault, le Gard, le Vaucluse, et les Bouches-duRhône, intègre cette liste de traditions à sauvegarder. « Cela changerait tout, note l’élu. C’est une culture véritablement en danger. De plus en plus. »
« On serait plus serein »
Le dossier aurait déjà dû être déposé, fin mars, à l’Unesco. Mais pour Patrick Vignal, il faut encore « le muscler » un peu. Pour l’instant, 35 parlementaires et 55 mairies ont apporté leur soutien à la démarche. « Chaque jour, on en reçoit de nouveaux », note l’élu PS. Dans le milieu taurin, cette course vers l’Unesco est vue d’un bon oeil. « C’est une excellente chose, cela contribuerait à reconnaître nos coutumes, à les sauvegarder et à mieux les protéger », souligne Franck Bertaud, président du club Lou Souleu à Vers-Pont-du-Gard, qui regrette que sa discipline soit trop souvent confondue avec la corrida. Les deux pratiques n’ont pourtant que peu de points communs : dans une course camarguaise, le taureau n’est pas mis à mort, et rentre dans son pré le soir. « On entend dire régulièrement que ce sera interdit, parce qu’il y a parfois des blessés, note Jocelyn Riche, président du club de Quarante, qui organise des abrivados, des lâchers de taureaux qui symbolisent la conduite des pâturages aux arènes. Protégés par l’Unesco, on serait plus serein. » Mais c’est aussi économiquement que cette reconnaissance pourrait avoir du sens, selon ceux qui portent le dossier. Car la course camarguaise à elle seule représente 50 millions d’euros d’activités économiques, plus de 200 clubs, et quelque 20 000 bêtes vivant en semiliberté dans 200 élevages. « Si demain, il n’y a plus de course camarguaise, le nombre d’élevages se réduira de façon importante, explique Magali Saumade, manadière à Saint-Laurent-d’Aigouze, et présidente de l’appellation d’origine contrôlée. Si la viande, l’accueil et la restauration sont bien sûr des moyens d’exister, la course camarguaise reste évidemment essentielle pour les éleveurs. » En Camargue, tous espèrent que Patrick Vignal parviendra à décrocher la cocarde. En 1997 et 2004, deux tentatives avaient échoué.