La résurrection de Petit Vampire
Joann Sfar reprend dans un préquel l’un des plus célèbres de ses héros
Parce qu’il est l’un des auteurs les plus féconds du XXIe siècle (plus de 100 bandes dessinées, une dizaine de romans, trois longs-métrages), Joann Sfar, absorbé par de nouveaux projets, abandonne parfois certains de ses anciens personnages. Mais voilà que plus de dix ans après s’en être détourné, le Niçois « ressuscite » donc « Petit Vampire » dans Le Serment des pirates.
Avoir 10 ans, c’est génial… mais au bout de trois siècles, on commence à s’ennuyer. C’est le cas de Petit Vampire. Interdit de sortie, il part quand même explorer la ville et se chercher un copain, un vrai. Et son escapade provoque le réveil de forces obscures… Empreint d’un grand lyrisme, évoquant des sujets forts tels la mort, l’amitié, la différence, « Petit Vampire » est très emblématique de l’univers artistique de Joann Sfar. Les fans qui espéraient une suite directe de la série (qui compte sept albums, réalisés entre 1999 et 2005) risquent cependant d’être déçus. Joann Sfar a préféré inscrire le nouvel album dans un arc narratif inédit, qui dévoile les événements qui ont transformé un petit garçon « ordinaire » en Petit Vampire. « Il était écrit qu’un jour, quand Grand Vampire [un autre héros de Sfar] serait trop triste d’être adulte, il deviendrait Petit Vampire, confie l’auteur du Chat du rabbin. Et je me suis dit que non, que ça avait forcément dû se passer autrement. »
Avec la scénariste Sandrina Jardel, il a voulu écrire pour ses personnages « une grande épopée très inspirée par mes souvenirs de “Star Wars” : leurs origines, le rapport aux parents, les diables à combattre pour grandir… »
« J’ai besoin de rêve »
Raconté à la manière d’un conte pour enfants, ce retour de Petit Vampire signe aussi celui de Joann Sfar vers un lectorat jeunesse. Ce n’est pas pour autant un objectif prioritaire pour lui :
« J’ai surtout besoin de rêve et d’imaginaire. C’est pour les enfants, mais… c’est aussi surtout pour le plaisir que j’ai à créer des mondes. On dessine toujours pour soi avant tout », précise Sfar.
Le dessinateur croit aussi aux vertus éducatives des livres pour enfants. « Je sais que “Petit Vampire” est beaucoup utilisé en milieu scolaire pour aborder le sujet du deuil ou pour parler aux enfants dissipés ou brutaux, remarque-til. La thématique du monstre, de la famille monstrueuse, tout ça résonne beaucoup en ce moment, je crois. »
« Petit Vampire » Acte 1 : Le Serment des pirates de Joann Sfar & Sandrina Jardel. Rue de Sèvres, 13 €. En vente le 10 mai.