Une majorité à gagner sans se renier
Le nouveau président n’entend pas modifier son programme en vue des élections
Elu à la tête de l’Etat français avec 66,1 % des voix, dimanche, Emmanuel Macron pourra-t-il appliquer le programme qu’il a porté pendant la campagne ? Son mouvement, rebaptisé La République en marche, espère obtenir la majorité absolue des sièges à l’Assemblée, soit 289 sur 577, le 18 juin. Mais « Emmanuel Macron ne bénéficie pas d’un vote d’adhésion, assure à 20 Minutes l’historien Jean Garrigues. Nous ne sommes plus dans une logique aussi claire que d’habitude, l’hypothèse d’une majorité de droite n’étant d’ailleurs pas à écarter, car son socle idéologique reste fort. » La droite espère toujours obliger le nouveau président à une cohabitation. Les Républicains ont de leur côté prévu d’adoucir le projet de François Fillon, en oubliant la hausse de la TVA et en proposant la défiscalisation des heures supp, notamment.
Pas de compromis
Faut-il s’attendre à voir évoluer le programme d’Emmanuel Macron? « On garde la cohérence de notre projet, celui qui nous a permis d’arriver en tête au premier tour, répond l’ancienne juppéiste et membre du comité politique du mouvement Aurore Bergé. La droite nous accusait d’être flous, mais c’est elle, qui, à un mois des législatives, décide de changer son programme. Pareil pour le PS qui nous dit maintenant que le projet de Benoît Hamon doit évoluer. »
Reste que le prochain locataire de l’Elysée l’a reconnu lui-même : ses 66,1 % ne représentent pas intégralement un vote d’adhésion. « Nous sommes conscients que des gens ont voté contre l’extrême droite. Emmanuel Macron sait qu’il ne dispose pas de blancseing », reconnaît l’élue LR des Yvelines, qui reste, malgré tout, inflexible : « L’enjeu est de convaincre du bienfondé de notre projet et je crois à la cohérence des Français. Que nous diraient-ils si nous modifions déjà notre programme ? » L’ensemble des candidats investis par le mouvement sera connu avant jeudi midi. Y aura-t-il des poids lourds de droite et de gauche? « Il n’y a pas d’accord d’appareil [sauf avec le Modem de Bayrou], mais ceux et celles qui veulent nous rejoindre sont les bienvenus. » Une chose est sûre : c’est le Premier ministre qui mènera la bataille. Son nom sera connu en début de semaine prochaine.