Un naturaliste adopte le mode de vie des animaux
Charles Foster est allé en immersion dans la nature pour tenter de vivre comme un animal
«Les vers de terre ont un goût de bave et de terre. Le goût du corps prédomine. » C’est Charles Foster qui le dit. Pendant six semaines, ce vétérinaire britannique a adopté le mode de vie des blaireaux, dans les montagnes noires du Pays de Galles. Il s’est creusé un terrier à flanc de colline, a passé l’essentiel de son temps à quatre pattes, somnolé le jour et chassé la nuit... Il en a fait un livre, Dans la peau d’une bête, qui paraît ce mercredi dans sa version française (édition JC Lattès) après avoir connu un joli succès outre-Manche.
Charles Foster a tenté de se mettre à hauteur des animaux. Et pas seulement du blaireau. Il a approché au plus près le mode de vie des loutres, des renards, des cerfs ou encore du martinet commun. Malgré des entraînements intensifs, le naturaliste n’a pas réussi à avoir le nez aussi fin qu’un blaireau, ni l’aisance de la loutre pour se mouvoir la nuit dans l’eau. A plusieurs reprises, il a été réduit à faire des hypothèses, voire à reconnaître les limites de sa compréhension animale.
« Se mettre à hauteur d’animal est un exercice pertinent. »
Charles Foster, naturaliste.
Dans la peau d’une bête ne se résume pas uniquement à un empilement d’anecdotes. L’auteur veut y promouvoir une méthode. « Se mettre à hauteur d’animal, ressentir les choses par soi-même est un exercice pertinent, assure-t-il. Elle fera de vous un meilleur naturaliste, mais aussi un meilleur humain. J’ai la conviction que l’empathie se travaille, un peu comme les muscles. » Pour autant, Charles Foster n’envie pas les loutres, « ces bêtes errantes et agressives, aux cris stridents ».
Finalement, il se dit bien content d’être humain, « d’avoir cette capacité à réfléchir sur le monde, précise-t-il. C’est bien plus excitant. » Faut-il encore exploiter toutes les potentialités dont la nature nous a dotés ? C’est tout le message de Charles Foster et de son ouvrage : « Nous avons cinq sens, mais aujourd’hui, nous prêtons surtout attention à un seul d’entre-eux : la vision. » Sur ce point, il en est certain : le blaireau, la loutre, le renard des villes, le cerf noble et le martinet sont bien meilleurs que l’homme.