Le milieu tout pourri de la tomate d’industrie
Jean-Baptiste Malet a mené l’enquête
Qui a déjà vu une tomate d’industrie ? Oubliez tout de suite la ronde et la rouge vive. Dans son livreenquête L’Empire de l’or rouge, aux éditions Fayard, le journaliste Jean-Baptiste Malet s’intéresse à la star des coulis et du ketchup : la tomate industrielle. La chouchoute des industriels a pour nom « Oblongue », une tomate plus lourde, moins gorgée en eau, à la peau dure afin de supporter les longs voyages et le maniement des machines. « On consomme à peu près 5 kg de tomates d’industrie par an et par être humain. La filière mondiale réalise un chiffre d’affaires annuel de 10 milliards de dollars », observe l’auteur.
Un concentré coupé
Mais d’où viennent réellement ces tomates ? « Il est possible de trouver dans les rayons des supermarchés européens des sauces tomate dont les étiquettes disent qu’elles sont « provençales » ou « italiennes », mais qui en réalité sont composées de tomates concentrées d’importation, souvent chinoises. » Ainsi, aujourd’hui, on trouve sur le marché des concentrés de tomate avec 69% d’additifs pour seulement 31 % de tomates. « Cette fraude concerne essentiellement l’Afrique. Pour réduire les coûts de production, certaines usines de transformation à Tianjin (près de Pékin) coupent le concentré de tomates, qu’ils mettent en bouteille, avec divers additifs comme de la fibre de soja, de l’amidon ou du glucose. » Un certain flou plane sur l’origine de ces tomates. « L’Allemagne et les Pays-Bas sont les deux plus gros exportateurs de sauces et de ketchup en Europe et ils ne produisent pas la moindre tomate d’industrie. Ils importent des concentrés, qui viennent, selon la saison et la disponibilité des stocks, de Californie, d’Espagne ou bien de Chine. L’étiquetage est alors discutable. »