La choré du Nord
L’essai d’une bombe H par la Corée du Nord, dimanche, braque les regards sur Kim Jong-un. Mais le leader du régime est-il vraiment seul aux commandes ?
Après l’essai revendiqué d’une bombe H dimanche, la Corée du Nord inquiète à nouveau. Le Conseil de sécurité de l’ONU, qui s’est réuni lundi, pourrait décider de nouvelles sanctions à l’encontre de Pyongyang la semaine prochaine. Les précédentes décisions n’ont pourtant pas empêché le régime de continuer à développer son arsenal nucléaire et tester des missiles balistiques. Ces démonstrations de force sont-elles le seul fait de Kim Jong-un, leader du pays depuis décembre 2011? « Le régime nord-coréen repose sur le suryong (leader suprême), donc, en théorie, il est le seul à diriger », note Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. Le spécialiste nuance aussitôt : « Bien évidemment, il s’appuie sur la structure du Parti [unique] et l’élite nord-coréenne. Il n’y a aucun système politique dans lequel un homme peut tout faire tout seul. »
Purges dans sa famille
Si la Corée du Nord reste un régime totalitaire, Kim Jong-un a néanmoins apporté quelques modifications depuis son accession au pouvoir, pour se distinguer de son père, Kim Jong-il. « Il veut apparaître comme un dirigeant proche du peuple et répondant à ses attentes : il multiplie les visites à la population et les discours publics », explique le chercheur. Une image qui ne doit pas faire oublier que le leader a lancé des purges au sein de sa famille : en 2013, il a fait exécuter son oncle, Jang Song-taek, accusé de trahison. Il est aussi soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de son demi-frère, Kim Jong-nam, en Malaisie, en février. Si le jeune dirigeant – il n’a officiellement que 34 ans – ne peut pas tout contrôler, il dispose néanmoins d’un puissant organe de pouvoir : la commission des affaires de l’Etat, « l’instance de direction », précise Antoine Bondaz. Les trois vice-présidents qui assistent Kim Jong-un viennent respectivement du Parti (unique), de l’armée et du gouvernement. La commission concentre donc toutes les institutions clés du pays. Comment ce régime est-il perçu par la population? « Il est impossible de faire une analyse concrète sur l’état de l’opinion publique, tranche Antoine Bondaz. L’objectif du régime est d’avoir une légitimité en interne, qui est forcée par la propagande et la répression, et qui est aussi recherchée par la tentative de développer économiquement le pays. » En 2016, la Corée du Nord affichait ainsi une croissance de 3,9 % de son PIB.