Des palmarès à relativiser
UNIVERSITÉ Le président éclaire sur l’utilité des classements mondiaux
L’université de Montpellier, fusion des facultés de droit, de sport, de médecine et de sciences, flambe depuis quelques années dans les classements internationaux. Dans le prestigieux classement de Shanghai, elle est au 2e rang mondial catégorie écologie; 129e mondiale et 3e nationale selon le Nature Index Innovation, construit sur la manière dont les découvertes scientifiques des établissements sont citées dans les brevets; et à la 62e place mondiale en matière d’innovation, selon le classement Reuters. Mais ces classements, ça sert à quoi ? Philippe Augé, le président de l’université, répond.
Avec des pincettes
« C’est un fait que de constater que les classements se sont imposés, dans le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche, et qu’ils sont de plus en plus relayés par les médias, confie le professeur de droit public. Pour une université, il est nécessaire d’être référencée et bien classée, car cela conditionne la visibilité internationale dans un contexte où les pays émergents communiquent, fortement, sur ces classements. » Shanghai et d’autres auraient également un impact sur le regard des acteurs politiques, mais surtout sur les futurs diplômés : « Plus une université est bien classée, plus elle va paraître attractive aux yeux des étudiants et de leurs parents au moment du choix des études universitaires, assure Philippe Augé. Les classements contribuent aussi à consolider l’image de marque d’un établissement auprès du monde de l’entreprise. » Un facteur qui peut ainsi influencer l’employabilité de ces diplômés selon le résultat des référencements. Pour le président, ils sont néanmoins à prendre avec des pincettes : « On ne peut nier qu’ils confortent la promotion d’un certain modèle universitaire, fortement orienté vers la recherche et ne rendant pas compte de l’ensemble des missions de service public qu’assume une université, comme la formation et l’insertion professionnelle. » Et surtout, « nous méconnaissons la méthodologie exacte utilisée » par les organismes réalisant ces classements. « Leur mode de récupération des données relève, souvent, du déclaratif. » Des palmarès utiles donc, mais à relativiser.