« On n’a fait que 1 % du voyage »
JASON RUBIN Pour le directeur des contenus d’Oculus, le potentiel de la réalité virtuelle est « infini »
En saisissant le potentiel de la 3D au milieu des années 1990 avec l’arrivée de la PlayStation, Jason Rubin et son studio Naughty Dog ont créé la sensation « Crash Bandicoot », une franchise écoulée à 50 millions d’exemplaires. 20 Minutes a rencontré celui qui est devenu le vice-président d’Oculus chargé des contenus, qui produit des casques de réalité virtuelle.
Les ventes de produits de réalité virtuelle n’ont pas décollé. Le grand public est-il en train de la rejeter?
Le potentiel de la réalité virtuelle est infini. Est-ce qu’on va rester au stade d’une grosse boîte sur la tête? Non. La taille va se réduire. On n’a fait que 1 % du voyage. On est encore au stade du téléphone mobile brique des années 1980.
Et 100 % du voyage, à quoi cela ressemble-t-il ?
Comme notre scientifique en chef Michael Abrash l’a dit, on peut imaginer un monde dans lequel il n’y a pas d’autre plateforme informatique après la réalité virtuelle. Car, si une autre technologie peut exister, elle peut le faire à l’intérieur de la réalité virtuelle.
Combien de temps avant le milliard d’utilisateurs promis par Mark Zuckerberg [le PDG de Facebook, qui possède Oculus] ?
On ne peut pas prévoir si cela prendra cinq ou dix ans. La croissance ne sera pas linéaire ; quand on aura atteint l’équilibre parfait entre poids, prix et contenu, elle va exploser.
La PlayStation s’est imposée avec ses « killer apps », comme « Tomb Raider » ou « Gran Turismo ». Ne manque-t-il pas des jeux incontournables en réalité virtuelle ?
La PlayStation comptait très peu de jeux 3D à son lancement, hormis « Ridge Racer ». Il a fallu attendre un ou deux ans pour que les développeurs se familiarisent avec la technologie. En ce qui concerne la réalité virtuelle, on est dans la phase d’expérimentation tant pour ce qui est de la technique que du storytelling. Mais on a déjà de vrais succès critiques, comme « Lone Echo » de Ready at Dawn [des anciens de Naughty Dog et Blizzard] qui ne pourrait pas exister autrement qu’en réalité virtuelle. Certains gros éditeurs vont tenter l’aventure, d’autres non et rachèteront des petits studios au prix fort pour rattraper leur retard, comme ça a été le cas sur mobile. Tout le monde y viendra tôt ou tard.