Un « plafond rose » qui pique
Selon une étude, les personnes LGBT sont victimes d’inégalités dans l’avancée de leur carrière
En France, l’orientation sexuelle peut freiner une carrière, selon un sondage publié jeudi par FranceInfo. Près de 6700 salariés, hétérosexuels et homosexuels ont été interrogés par l’Ifop pour Autre Cercle, association consacrée à la question LGBT dans le monde du travail. Ils sont 29 % à observer que les LGBT subissent des inégalités dans le déroulement de leur carrière. Un « plafond de verre », parfois appelé « plafond rose », difficile à quantifier, car les données sont rares. Selon l’une des rares études sur le sujet, publiée en 2012 par des chercheurs de l’université d’Evry-Val-d’Essonne, les homosexuels sont payés entre 5 % et 6 % de moins que les hommes hétérosexuels en France, souligne Jean-François Amadieu, sociologue spécialiste des discriminations à l’embauche. En revanche, les homosexuelles gagnent 2 % de plus que les hétérosexuelles dans le secteur privé, et la même chose dans le public. Des discriminations jouent aussi lors de l’embauche. Jean-François Amadieu a mené en 2014 une expérience en envoyant 250 CV dans lequel le candidat masculin faisait état d’un stage dans une association ou un média LGBT, pour postuler à des postes de commercial dans l’agroalimentaire. « Ces CV ont reçu 49 % de réponses positives en moins que des CV ne comportant par ce stage. »
Et le CV anonyme ?
Comment lutter contre les discriminations au travail? Philippe Chauliaguet, administrateur de l’association Homoboulot, préconise une « démarche inclusive » pour « rendre visible » les LGBT. « Il faut que l’entreprise, dans ses communications en interne, dans les processus RH, prenne en compte l’existence des LGBT et des couples de même sexe, car cela peut mettre à l’aise les employés LGBT qui pourront peutêtre plus facilement assumer leur orientation sexuelle. » L’association travaille aussi sur le volet répressif, notamment en lien avec des syndicats. En ce qui concerne le recrutement, Jean-François Amadieu estime que le CV anonyme peut éviter des discriminations subies par les candidats, à l’heure où certaines informations sur l’orientation sexuelle, les convictions religieuses ou politiques personnelles peuvent parfois êtres accessibles sur Internet. En revanche, ni le sociologue ni Philippe Chauliaguet ne sont convaincus par les démarches de « comptage », mises en place par des entreprises aux Etats-Unis. Depuis 2017, les candidats qui postulent chez Goldman Sachs se voient demander de préciser leur orientation sexuelle. « On a les moyens de ne pas en passer par là. »
LE CHIFFRE