« 65% de CV trompeurs »
Le recruteur publie un livre retraçant 29 ans d’études
En 1989, Florian Mantione interroge un candidat qui lui explique être diplômé de Sup de Co Toulouse en 1972. Pas de chance, il s’agit de l’école et de l’année de promotion du recruteur. De quoi alerter ce spécialiste qui devait découvrir au fil de son enquête que 83% des candidats trouvaient normal d’arranger leurs CV. Dans Le livre noir des CV trompeurs, Florian Mantione retrace huit études approfondies auprès des chefs d’entreprise et des candidats, menées régulièrement depuis 1989.
Un recruteur peut-il encore croire dans les CV ?
Le vrai CV, reflétant la réalité, n’existe qu’en toute petite proportion. Aujourd’hui, 65 % des CV sont trompeurs. C’est beaucoup, même si ce chiffre est en baisse. Pour les entreprises, il est beaucoup plus simple de vérifier les informations, sur les réseaux sociaux notamment. L’autocensure des candidats est beaucoup plus importante.
Comment déceler les mensonges ?
Il est très difficile de déceler un faux CV. Il vaut mieux faire de la prévention et établir des relations saines avec les candidats. Lorsque je convoque l’un d’entre eux, je lui demande de venir avec ses diplômes originaux, ses certificats de travail, ses trois derniers bulletins de salaire et celui du mois de décembre où figure le cumul annuel.
Que risque un candidat embauché sur la foi d’un faux CV ?
Il y a peu de risques, car si vous êtes embauchés après avoir menti sur vos diplômes, un employeur ne peut pas vous licencier sur faute grave, sauf quelques cas spécifiques comme la santé. Hormis ces exceptions, on peut être très compétent dans son métier sans être passé par une école. Mais ce qui est grave, c’est de commencer une relation sur un mensonge.
Tricher ne fait-il pas partie du jeu ?
Effectivement, mais il y a un équilibre à trouver. De petits péchés consistent à enjoliver le CV ; d’autres plus graves consistent à mentir éhontément. Ceux-là sont à proscrire. En revanche, les petits arrangements avec la vérité peuvent être compréhensibles, à condition de jouer carte sur table lors de l’entretien. Le CV ne sert qu’à une chose, se faire convoquer.