Des députés LREM poussent les portes d’un centre de rétention administrative
Avant de légiférer, des parlementaires ont visité des centres de rétention administratives
Des députés « hors les murs » de l’Assemblée. Lundi, une trentaine de parlementaires de tous bords politiques se sont rendus dans des centres de rétention administrative (CRA). A une semaine de la présentation du projet de loi asile et immigration, ils ont utilisé leur droit de visite des lieux de privation de liberté afin de « voir la réalité avant de légiférer », a expliqué Emilie Chalas. Cette députée LREM et trois autres marcheurs (Laëtitia Avia, Paula Forteza et Pacôme Rupin) étaient, eux, au CRA de Vincennes (Val-deMarne). Ce dernier peut accueillir environ 170 hommes répartis dans trois unités, pour une durée limitée à quarante-cinq jours par la loi, et à l’issue de laquelle les étrangers sont relâchés ou expulsés du territoire français.
« Etre humain »
« Pensez-vous qu’allonger le délai de rétention augmenterait le taux de reconduite? » a demandé Pacôme Rupin au commandant Bruno Marey. C’est ce que prévoit le projet de loi, selon une version du texte qui a fuité courant janvier. « Je n’en suis pas sûr », lui a-t-il répondu, soulignant que, « vu l’état des infrastructures, occupées en moyenne à 85 %, voire 100 %, doubler la durée de rétention n’est pas sans risques, pour nous [300 fonctionnaires de police se relaient sur ce site], comme pour les retenus, chez qui cela peut générer plus du stress et des tensions ». Dans la salle commune où une trentaine d’hommes tuent le temps tandis qu’un téléviseur crache de la musique, les parlementaires ont discuté avec des retenus de leurs conditions de rétention et de leur parcours. « Je travaille en France depuis 2006, a raconté Pakou*, un Malien arrêté lors d’un contrôle de police à la gare du Nord. Je n’ai jamais rien fait de mal, pas de vol, pas de bagarre. » Retenu depuis vingt-deux jours à Vincennes, il a assuré qu’il tenterait de revenir en France s’il était finalement expulsé au Mali, où il « n’a plus de famille ». Un autre a fait état de tentatives de suicide dans l’établissement. « Il faut faire preuve de beaucoup d’humanité dans ce débat », a estimé Laëtitia Avia en quittant le centre. « Il va falloir rechercher des solutions équilibrées », a-t-elle repris, voyant des pistes pour de futurs débats sur la « régularisation de certains étrangers » et le « visa biométrique ». Les députés doivent restituer leurs observations lors d’une réunion de la commission des lois, mercredi.