« Elle m’a frappé »
A l’occasion des 15 ans de l’association Le Refuge, «20 Minutes» a recueilli le témoignage d’un jeune homosexuel rejeté par sa mère après avoir fait son coming out. Un cas loin d’être rare.
Il affiche un sourire franc et parle de son avenir avec enthousiasme. Pourtant, Mehdi Aïfa revient de loin. Comme d’autres jeunes, qui témoigneront ce mardi lors de la conférence organisée par l’association Le Refuge à l’occasion de ses 15 ans, sur la thématique « Comment surmonter l’épreuve du rejet? La résilience des jeunes face à l’homophobie et à la transphobie». La vie de Mehdi a, elle, basculé à 21 ans. Pressé de questions par sa mère sur sa vie sentimentale, il a fini par faire son coming out.
Six mois dans la rue
«Ça a été un cataclysme. Elle m’a insulté, frappé, craché dessus, se souvient-il douloureusement. Elle m’a dit qu’elle avait honte de moi, vis-à-vis de Dieu. Elle a arraché la page du livret de famille me concernant et déchiré ma carte d’identité, comme pour nier mon existence, avant de jeter toutes mes affaires dans la rue en me disant de partir. » Le jeune homme se retrouve dehors pendant six mois. «J’ai dormi dans des halls d’immeuble et dans des centres d’hébergement d’urgence», confie-t-il. Mehdi a ensuite été dirigé vers l’association Le Refuge : «J’ai été hébergé pendant six mois, indique-t-il. J’ai pu me poser, faire le point sur moi-même et bénéficier d’un accompagnement psychologique et social. » Energique et volontaire, le jeune homme parvient vite à rebondir : « J’ai décroché un contrat d’avenir d’agent de service hospitalier et j’ai désormais repris mes études pour devenir assistant de service social. » Même s’il ne vit qu’avec un RSA, Mehdi s’en tire tant bien que mal : « L’expérience de la rue a été un traumatisme, donc je veille à payer mon loyer, parfois un mois à l’avance, pour être sûr de ne jamais retomber sur le trottoir. » Quant au rejet de sa mère, Mehdi assure être passé au-dessus : « J’ai fait le deuil de ma mère et j’ai réussi à m’en sortir grâce à des personnes bienveillantes. Je vis très bien mon homosexualité, car j’ai appris à ignorer les regards désobligeants. »