A 93 ans, l’industriel Serge Dassault s’est éteint
L’industriel et homme politique de droite est décédé lundi à l’âge de 93 ans
De l’aéronautique à la politique, en passant par la presse, la vie de Serge Dassault, mort lundi à 93 ans, était intimement liée à celle de son père Marcel. Passionné d’aviation, ce dernier fonda, en 1929, la société des avions Marcel Bloch. En 1944, il sera arrêté avec ses fils (dont Serge) et sa femme par la Gestapo, car il refuse d’apporter son savoir-faire aéronautique aux nazis, avant d’être déporté à Buchenwald en 1994. Libéré par les Américains le 23 avril 1945, il décide de changer de nom l’année suivante, passant de Bloch à Dassault. D’origine juive, il convertit sa famille au catholicisme en 1950. Serge Dassault rejoint l’école polytechnique en 1946. En 1951, il sort diplômé de l’école nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace (Supaero) et commence sa carrière comme ingénieur dans l’entreprise familiale. Onze ans plus tard, il présente le premier avion d’affaires Falcon, en tant que directeur de l’exportation. En 1987, il devient PDG du groupe. Il livre le 21 mai 2001 les premiers Rafale à la marine nationale et à l’armée de l’air. Un avion que l’industriel aura bien du mal à vendre à l’étranger, malgré le soutien des autorités françaises. A l’image de son père, patron de presse en son temps, Serge Dassault a diversifié ses activités en détenant le quotidien Le Figaro. Proche de Jacques Chirac, il rejoint le monde politique à l’âge de 49 ans en adhérant au parti conservateur du Centre national des indépendants et paysans. Il est élu conseiller municipal de Corbeil-Essonnes en 1983, puis conseiller régional d’Ile-de-France trois ans plus tard, et conseiller général de l’Essonne de 1988 à 2004. Consécration en 1995, Serge Dassault devient maire de Corbeil-Essonnes, commune qu’il dirigera pendant plus de treize ans avant que le Conseil d’Etat annule sa réélection de 2008, le 8 juin 2009, pour irrégularités de comptes de campagne. Entre-temps, il s’offre un siège de sénateur en 2004 sous l’étiquette UMP.
Démêlés avec la justice
Tout au long de sa carrière politique, le chef d’entreprise a eu souvent maille à partir avec la justice. Il est condamné en Belgique à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire de corruption Agusta en 1998. En 2013, Mediapart diffuse un enregistrement prouvant, selon ses auteurs, que le maire aurait payé 1,7 million d’euros pour assurer la victoire de son successeur Jean-Pierre Bechter, à Corbeil-Essonnes en 2010. Le bureau du Sénat acceptera de lever son immunité parlementaire en février 2014. Six semaines plus tard, il est mis en examen pour « achat de votes », « complicité de financement illicite de campagne électorale » et « financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé ».