Bloctel peine à convaincre contre le démarchage
Les internautes dénoncent le manque d’efficacité du service de lutte contre le démarchage
Lancé le 1er juin 2016, le service Bloctel promettait d’en finir avec les appels intempestifs et les démarcheurs commerciaux agressifs. En théorie, il suffisait de renseigner son numéro de téléphone (mobile ou fixe) sur le site bloctel.gouv.fr pour ne plus être importuné. En réalité, deux ans après son lancement, le service semble complètement dépassé. Les internautes sollicités par 20 Minutes ont témoigné massivement pour dénoncer son inefficacité. Monique le résume par une formule lapidaire : « Bloctel ne bloque rien. » Beaucoup ont l’impression d’avoir affaire à un panier percé : « Je partage largement les avis très mitigés sur ce service, écrit Erick. Je suis inscrit depuis le début et les appels intempestifs n’ont pas diminué. » « Bloctel, c’est du pipeau, renchérit Béatrice. Je vais me mettre sur liste rouge. » Ce non-filtrage des appels conduit même à des situations gênantes. « Beaucoup de personnes hésitent à répondre au téléphone, craignant que ce ne soit encore des appels publicitaires, se plaint Patricia. Je rate donc très souvent des communications. » Autre problème, soulevé par Aurélie : « Je suis au chômage et je ne décroche plus mon téléphone, au risque de rater un appel important pour un emploi. » Comment expliquer un tel raté ? Dans une réponse publiée en janvier au Journal officiel, le ministère de l’Economie et des Finances apportait quelques précisions. « Plus de 700 entreprises ont adhéré au nouveau dispositif afin de faire retirer de leurs fichiers de prospection les numéros protégés par Bloctel, ce qui semble très en deçà du nombre de professionnels tenus de recourir à ce dispositif », déplore le ministère. Autrement dit, de nombreuses entreprises ne jouent pas le jeu. Pourtant, Bercy rappelle que plusieurs sociétés contrevenantes ont fait l’objet d’une enquête depuis fin 2016, et que certaines ont dû payer jusqu’à 75 000 €, le montant maximum. Pour Xavier, ce n’est pas assez : « Peutêtre que si les amendes payées par les commanditaires de ces sociétés harceleuses étaient dissuasives, cela serait efficace. A 100 000 € non discutables dès le premier constat de harcèlement, puis 500 000 € en cas de récidive, j’imagine qu’une société hésiterait davantage. » L’idée d’un renforcement des sanctions est d’ailleurs à l’étude. Le député des Ardennes Pierre Cordier (apparenté LR) a récemment déposé une proposition de loi en ce sens, qui prévoit de relever le seuil maximum de l’amende à 300 000 €. Elle entend aussi renverser la logique de Bloctel : le consommateur devra désormais donner son accord pour être démarché, au lieu d’être obligé de s’inscrire sur une liste pour être tranquille. Le texte doit être examiné à l’Assemblée d’ici à la mi-juin.
« Je ne décroche plus mon téléphone, au risque de rater un appel important. » Aurélie, inscrite sur Bloctel