« L’objectif, c’est la guérilla »
Grève à la SNCF
Au bout du quai 36, à la gare de Nord (Paris, 10e), mercredi matin, une cinquantaine de cheminots est rassemblée pour une assemblée générale (AG) qui peine à faire le plein. A l’ordre du jour : faire un premier bilan de la mobilisation, alors que la grève en pointillé commencée début avril s’achève ce jeudi et que la CGT et SUD-Rail ont décidé de poursuivre le conflit en juillet. « Oui, les chiffres [de grévistes] étaient plus élevés au début du mouvement, mais la bataille n’est pas finie. Notre grève, elle nous appartient », lance Rémi, élu SUD-Rail, dont Paris-Nord est l’un des bastions. Xavier, conducteur, prend la parole. Le ton est offensif : « On n’a pas le droit de lâcher. L’objectif, c’est la guérilla, et on a un règlement qui nous permet de faire ça. On va leur montrer qu’en respectant les règles à la lettre, on va faire plier la direction de la SNCF.» Dans « l’autre camp » aussi, la détermination est intacte. Quelques heures après l’AG, Emmanuel Macron signait devant les caméras la réforme ferroviaire votée quelques jours auparavant à l’Assemblée et au Sénat. «La SNCF a maintenant tous les atouts pour réussir », a expliqué le chef de l’Etat. A Paris-Nord, les cheminots reconnaissent que la communication gouvernementale a pesé sur la mobilisation. « La grève sur trois mois, c’est usant psychologiquement, et on s’aperçoit que cette stratégie n’a rien apporté», résume Sylvain, conducteur de TER. Pour remotiver les troupes, les cheminots grévistes comptent sur la manifestation interprofessionnelle prévue ce jeudi.