20 Minutes (Montpellier)

Un beau crime de lèse-majesté

Football Mathieu, un Français sans attache particuliè­re avec l’île, est supporter des Anglais, opposés aux Belges ce jeudi, depuis des années

- William Pereira

Mathieu a la trentaine et est français. Il devrait, en toute logique, vibrer et souffrir pour les Bleus lors de ce Mondial en Russie. Mais c’est paré d’un maillot de la sélection anglaise que le jeune homme s’est présenté à nous. Préférant l’ensoleille­ment d’une terrasse à l’ombre du bar, le café au thé, il n’a pourtant pas grand-chose de British. Et il l’assume entièremen­t : «Je n’ai pas vraiment d’attache avec l’Angleterre ou sa culture. » Encore plus cocasse, ce fan de rugby ne peut pas piffer le XV de la Rose. «Au rugby, je les trouve tricheurs et mauvais joueurs, explique Mathieu. Au foot, je les trouve vicieux, mais dans le bon sens du terme. J’aimais bien la roublardis­e de Gascoigne, qui jouait avec les limites des règles. » Avec ce bon début de Mondial des Anglais, Mathieu revit. Heureux, mais un peu seul. «Le problème de soutenir l’Angleterre en étant français, c’est que tu es tout seul dans la défaite et dans la victoire. Même si, la victoire, je ne connais pas trop », se marre-t-il. Car tomber amoureux de la sélection anglaise n’était pas vraiment le bon plan pour empiler les titres. Mais, en amour, on ne choisit pas. « Ça a commencé avec l’Euro 1996, j’avais 9 ans. J’étais complèteme­nt fou de cette équipe d’Angleterre», raconte le trentenair­e. A l’époque, il est vrai, l’équipe était particuliè­rement sexy. « Il y avait Shearer, Gascoigne, Seaman et son maillot flashy », égrènet-il. Du cool, des couleurs et un petit complexe d’OEdipe en filigrane, aussi. «En 1998, j’étais pour les Trois Lions pour emmerder mon père. Je ne pensais pas que ma passion pour eux irait aussi loin. » Vouloir chambrer le paternel est rarement une bonne idée et la sentence est cruelle : l’Angleterre est sortie en huitième de finale par l’Argentine aux tirs au but. «C’était la première fois que je chialais devant un match de foot », avoue Mathieu. S’il avait choisi le bon camp, il aurait repoussé ce moment au 12 juillet et aurait troqué les larmes de chagrin pour des larmes de joie. La suite, on la connaît. Une histoire de lose infinie pour les Trois Lions… jusqu’à cette Coupe du monde ? Notre faux British a retrouvé de l’allant avec les premiers résultats des sujets de la reine, qui tenteront de finir premiers de leur poule ce jeudi face à la Belgique. «Non seulement on a de bons joueurs, mais on a aussi un entraîneur anglais [Southgate]. Les Eriksson, Capello, ils n’ont pas la culture anglaise. J’ai l’impression qu’on veut produire du jeu, qu’on est plus technique. Si je m’enflamme, je peux comparer cette équipe à celle de 1998.» L’Angleterre, pas la France.

« En 1998, j’étais pour les Trois Lions pour emmerder mon père. »

Mathieu, fan des Anglais

 ??  ?? Mathieu est toombé amoureux de l’équipe anglaise lors de l’Euro 1996.
Mathieu est toombé amoureux de l’équipe anglaise lors de l’Euro 1996.

Newspapers in French

Newspapers from France