Une exposition tente de démasquer la propagande nazie
Histoire « Un dictateur en images » est à découvrir au Pavillon Populaire
En exposant de vieux Coloramas publicitaires de Kodak ou des clichés de Linda Mc Cartney, la première épouse de l’ancien bassiste des Beatles, le Pavillon Populaire avait créé l’événement. Avec « Un dictateur en images », la salle de Montpellier consacrée à la photographie fait tomber les barrières : l’exposition montre pour la première fois 240 photographies d’Adolf Hitler, piochées parmi les 12000 qui ont été prises de 1924 à 1945 par son photographe officiel, Heinrich Hoffmann. « C’est une exposition qui était risquée, certes », confie Gilles Mora, le directeur artistique du Pavillon Populaire, dont l’entrée est gratuite. « Ce n’est évidemment ni une célébration du nazisme, ni d’Hitler », mais une façon de déconstruire la propagande, au centre du régime du Führer. « Cette exposition montre comment on peut manipuler une opinion avec une image », reprend Isabelle Marsala (divers gauche), adjointe au maire chargée de la culture. Aujourd’hui libres de droit, ces photographies, qui n’ont été présentées dans une salle d’exposition qu’une seule fois, à Munich, montrent les images maîtrisées d’un dictateur avec des enfants, un chien ou un faon, devant son armée, ou plaisantant avec un ami accordéoniste. L’exposition permet également aux visiteurs de découvrir une quarantaine de photographies prises en 1927, tandis qu’Adolf Hitler travaille sa gestuelle d’orateur dans l’atelier munichois de son photographe. « C’est un projet que j’avais en tête
depuis très longtemps, on m’a toujours dit que j’étais fou, confie l’historien Alain Sayag, commissaire de l’exposition. Les gens ont peur, sans doute, que l’on cède à la fascination. Mais ce n’est évidemment pas le cas. Il y a un parcours pédagogique clair, et on comprend que l’on n’est pas là pour célébrer le sujet, mais pour apprendre à le décoder. » « L’exposition est extrêmement pédagogique, et montre comment on peut, à travers une image, magnifier quelqu’un qui n’était qu’un personnage insignifiant, faire paraître de lui ce qu’il n’est pas », note Sophie Nagiscarde, responsable des activités culturelles du Mémorial de la Shoah (lire l’encadré). L’exposition, gratuite, est à découvrir jusqu’au 23 septembre.
« L’exposition montre comment manipuler l’opinion avec une image. » Isabelle Marsala, adjointe au maire