Le « Caillou » vaut très lourd
Référendum La Nouvelle-Calédonie, qui reste française, a un très fort intérêt stratégique
Pour l’instant, elle reste. Dimanche, la Nouvelle-Calédonie a dit non à l’indépendance (à 56,4 %) et demeure donc un territoire français. Même si Emmanuel Macron n’avait pas publiquement pris position avant le scrutin, il avait reconnu que «la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ». Moins influente aussi dans la région Pacifique. Le « Caillou » représente en effet un territoire stratégique.
Des ressources minières. La Nouvelle-Calédonie est assise sur un tas «d’or vert», le surnom du nickel. Près de 25 % des ressources mondiales de ce métal sont situées sur l’archipel, avec plusieurs entreprises privées qui en assurent l’exploitation. « Le nickel est important pour construire des infrastructures [il sert à fabriquer de l’acier inoxydable], souligne Bastien Vandendyck, analyste en relations internationales et consultant chez Vae Solis. C’est une ressource stratégique, car la France possède peu de ressources minières sur son territoire. »
Un espace maritime. En droit de la mer, la zone économique exclusive (ZEE) désigne l’espace maritime qu’un Etat peut exploiter comme bon lui semble. La ZEE de la NouvelleCalédonie s’étend sur 1,4 million de kilomètres carrés, environ deux fois et demie la taille de la France métropolitaine. «Au moment où l’on parle d’épuisement des ressources, posséder une ZEE peut être une force, analyse Bastien Vandendyck. Près de la Nouvelle-Calédonie, vous avez des minéraux enfouis dans les sols marins. » Ces minéraux sont des « terres rares » (scandium ou yttrium, par exemple) nécessaires à la fabrication des voitures électriques ou des smartphones.
Une tête de pont dans le Pacifique. Le «Caillou» abrite la plus grande base militaire française du Pacifique. Selon Brendan Berne, l’ambassadeur australien en France interrogé dimanche par le JDD, cela contribue à stabiliser la région. Or, le Pacifique attise la convoitise de la Chine, notamment, qui étend peu à peu sa sphère d’influence. «La société minière détenue par les indépendantistes a d’ailleurs noué un partenariat avec une entreprise chinoise», relève Bastien Vandendyck. La bataille n’est pas terminée, car le processus prévu par l’accord de Nouméa de 1998 laisse la possibilité d’organiser encore deux référendums sur l’indépendance d’ici à 2022.