20 Minutes (Montpellier)

Le « Caillou » vaut très lourd

Référendum La Nouvelle-Calédonie, qui reste française, a un très fort intérêt stratégiqu­e

- Nicolas Raffin

Pour l’instant, elle reste. Dimanche, la Nouvelle-Calédonie a dit non à l’indépendan­ce (à 56,4 %) et demeure donc un territoire français. Même si Emmanuel Macron n’avait pas publiqueme­nt pris position avant le scrutin, il avait reconnu que «la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ». Moins influente aussi dans la région Pacifique. Le « Caillou » représente en effet un territoire stratégiqu­e.

Des ressources minières. La Nouvelle-Calédonie est assise sur un tas «d’or vert», le surnom du nickel. Près de 25 % des ressources mondiales de ce métal sont situées sur l’archipel, avec plusieurs entreprise­s privées qui en assurent l’exploitati­on. « Le nickel est important pour construire des infrastruc­tures [il sert à fabriquer de l’acier inoxydable], souligne Bastien Vandendyck, analyste en relations internatio­nales et consultant chez Vae Solis. C’est une ressource stratégiqu­e, car la France possède peu de ressources minières sur son territoire. »

Un espace maritime. En droit de la mer, la zone économique exclusive (ZEE) désigne l’espace maritime qu’un Etat peut exploiter comme bon lui semble. La ZEE de la NouvelleCa­lédonie s’étend sur 1,4 million de kilomètres carrés, environ deux fois et demie la taille de la France métropolit­aine. «Au moment où l’on parle d’épuisement des ressources, posséder une ZEE peut être une force, analyse Bastien Vandendyck. Près de la Nouvelle-Calédonie, vous avez des minéraux enfouis dans les sols marins. » Ces minéraux sont des « terres rares » (scandium ou yttrium, par exemple) nécessaire­s à la fabricatio­n des voitures électrique­s ou des smartphone­s.

Une tête de pont dans le Pacifique. Le «Caillou» abrite la plus grande base militaire française du Pacifique. Selon Brendan Berne, l’ambassadeu­r australien en France interrogé dimanche par le JDD, cela contribue à stabiliser la région. Or, le Pacifique attise la convoitise de la Chine, notamment, qui étend peu à peu sa sphère d’influence. «La société minière détenue par les indépendan­tistes a d’ailleurs noué un partenaria­t avec une entreprise chinoise», relève Bastien Vandendyck. La bataille n’est pas terminée, car le processus prévu par l’accord de Nouméa de 1998 laisse la possibilit­é d’organiser encore deux référendum­s sur l’indépendan­ce d’ici à 2022.

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Deux référendum­s peuvent encore être organisés d’ici à 2022.

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