20 Minutes (Montpellier)

Kito, le meilleur marin de tout l’étang

Kito de Pavant vise la victoire dans la catégorie des Class40

- Jérôme Diesnis

Il n’est pas le plus vieux, ni le plus galonné des 123 skippers qui ont pris le départ dimanche de la route Rhum. Mais le visage façonné par le sel, le soleil et le vent, par quelques larmes aussi, témoigne de toutes les vies de ce marin au verbe rare. Même si, avec le temps, le passage obligé de la recherche de sponsors et donc celui de la médiatisat­ion, il a accepté l’idée de parler un peu plus de lui. L’histoire de Kito, Christophe pour l’état civil, est faite de magnifique­s victoires et de déchirante­s désillusio­ns. D’un rêve, sans doute à jamais inachevé, d’abord : terminer le Vendée Globe. Trois fois, le navigateur de Port Camargue et de Montferrie­r-sur-Lez, s’est heurté à son destin. La tempête a brisé son mat au deuxième jour de la course en 2008, un chalutier a croisé sa route en 2012 et en 2016 la poisse absolue : une rencontre improbable au milieu de l’océan avec un cachalot qui l’a contraint à abandonner son bateau. « La mer n’est pas assez grande, explique-t-il fataliste dans un carnet de bord très intime, publié chez Privat. Autant en 2012, quand je suis rentré en collision avec un pêcheur, je me suis dit que j’aurais pu l’éviter, et j’ai énormément culpabilis­é, explique le marin. Autant là, c’est le coup du sort. » Le navigateur est « maudit sur le Vendée Globe, mais pas sur le reste ».

« Le reste», ce sont des victoires sur la Solitaire du Figaro, le Tour de France, la transat AG2R et une cargaison de places d’honneurs dans les courses au large. Dont un podium sur la route du Rhum 2014, en Class40. «La seule catégorie où l’argent ne fait pas la différence. La seule où le sport est roi». Leur arrivée en Guadeloupe est prévue bien après celle des Ultimes, les Formule 1 des mers.

Mardi soir, celui qui a appris à naviguer sur un étang, en Dordogne, chassait le Top 5 avec une option très au Sud – «il faut bien que j’assume mon statut de sudiste », souriait-il au milieu de quelques mots sur son carnet de bord. «Taper un texte dans ces conditions est une prouesse. 40 noeuds, mer forte, ça penche, ça secoue, mais ça avance. »

Son ambition? « Gagner ». Rejoindre dans la légende Mike Birch, qui, en 1978, s’était imposé pour quatreving­t-dix-huit secondes, après 23 jours de course. « Ce souvenir m’a marqué pour la vie », raconte De Pavant. Il avait 17 ans à l’époque. Il en a 57 aujourd’hui. Le skipper de Made in midi a longtemps gagné sa vie en convoyant les bateaux des autres autour du monde Avant, en 2000, de se jeter à l’eau. « Pour faire les choses, il faut à la fois de l’opiniâtret­é et de l’envie. »

« Les Class40, c’est la seule catégorie où l’argent ne fait pas la différence, où le sport est roi. »

Kito de Pavant

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Kito de Pavant, dimanche, au départ de la route du Rhum.

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